Burkina Faso: Décès de Arsène Bongnessan Yé - Le « lion du Mouhoun » regagne définitivement sa tanière

30 Janvier 2024

L'officier médecin-militaire et homme politique burkinabè, Arsène Bongnessan Yé, est décédé, hier mardi 30 janvier 2024 à Casablanca au Maroc, où il avait été évacué samedi dernier pour des soins. Frappé par un Accident vasculaire cérébral (AVC) dans sa 67e année, celui qu'on appelait le « lion du Mouhoun » a rendu l'âme.

«Arsène Bongnessan Yé est mort ce jour 30 janvier 2024. Diarra son épouse et Machelle (Matiti) sa fille aînée viennent de nous l'annoncer. Cette douloureuse perte fait suite à l'accident vasculaire cérébral et l'hémorragie dont il a été victime ce samedi 27 janvier et malgré son transfert sanitaire par avion au Maroc ce dimanche, les médecins n'ont pas pu le ramener de son coma », pouvait-on lire dans un groupe WhatsApp des ressortissants du Mouhoun. C'est l'un des multiples messages qui ont circulé et qui informaient de la disparition de celui que ses promotionnaires appelaient affectueusement le « lion du Mouhoun » sa région d'origine. Officier, médecin militaire et homme politique burkinabè, celui que la Nation pleure est né, le 10 octobre 1957 à Bagassi, un village de la province des Balé.

Jeune Bwaba au destin tracé dans le métier des armes, Bongnessan Arsène Yé s'est très vite intéressé à la chose militaire. Ainsi dans son parcours, il rejoint le Prytanée militaire du Kadiogo (PMK) en septembre 1969. En juin 1976, il est bachelier et s'envole pour le Sénégal (Dakar) où il intègre l'école militaire de santé et faculté mixte de médecine. Il en sort docteur en médecine, le 30 janvier 1984 après avoir soutenu une thèse sur les problèmes de santé dans le village de Yaramoko, un petit village de Bagassi. Il devient plus tard directeur central du service de santé des forces armées nationales avant de basculer dans la politique dès l'avènement de la « Révolution d'août 1983». En effet, il rejoint le bureau politique du Conseil national de la Révolution (CNR) en 1986.

Après le coup d'Etat d'octobre 1987, au cours duquel Blaise Compaoré prend le pouvoir, Yé devient le secrétaire général national des Comités de défense de la Révolution tout en étant membre du CNR avec le rang de ministre. Après le remplacement des Comités de défense de la Révolution par les Comités révolutionnaires, le 17 mars 1988, il occupe le poste de coordinateur national tout en ayant rang de ministre et participe au Conseil des ministres de mars 1988 à mars 1989. Par la suite, il est inclus dans le comité exécutif du Front populaire en tant que secrétaire national à l'organisation de mars 1990 à mars 1991. Le 2 mai 1990, il est nommé président de la Commission constitutionnelle chargée de rédiger une nouvelle Constitution.

« Une bonne carrière politique »

La Commission achève ses travaux en octobre 1990 et la Constitution est adoptée, le 2 juin 1991. Lors des élections législatives de mai 1992, Bongnessan Arsène Yé est élu à l'Assemblée des députés du peuple. Il est ensuite élu président de l'Assemblée des députés du peuple, le 17 juin 1992. Un poste qu'il va occuper jusqu'en 1997. En outre, de février 1993 à février 1996, il est président de l'Organisation pour la démocratie populaire/Mouvement du travail (ODP/MT), par la suite le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) sera créé en février 1996, en remplacement de l'ODP/MT, et le regretté Yé est président du CDP de février 1996 à octobre 1999. Engagé et très combatif en matière politique, les mobilisations de Bongnessan Yé dans les provinces du « Bwamu » et même au-delà lui ont valu une confiance des dirigeants. Il est réélu à l'Assemblée nationale lors des élections législatives de mai 1997.

A la suite de ces élections, il est ministre d'Etat à la Présidence de juin 1997 à janvier 1999, ministre d'Etat à l'Agriculture de janvier 1999 à octobre 1999 et ministre d'Etat à l'Environnement d'octobre 1999 à 2000. Il est élu à l'Assemblée nationale lors des élections législatives de mai 2002 sur la liste nationale du CDP et remporte de nouveau un siège lors des élections législatives de mai 2007 en tant que candidat du CDP dans la province des Balé. En 2008, il est président de la Commission ad hoc de l'Assemblée nationale sur le financement des partis politiques, des campagnes électorales et le statut de l'opposition.

Par la suite, Arsène Bongnessan Yé va retrouver la confiance des instances du parti majoritaire, et devient à nouveau ministre d'Etat en charge des réformes politiques de 2011 à 2014, lorsque l'insurrection populaire emporte le régime de Blaise Compaoré, son mentor d'alors. Souvent retiré dans son village natal, Bagassi, il se fait à nouveau élire député lors des législatives de 2020. Il est auteur de livres politiques, dont « Les fondements politiques de la IVe République », paru en 1995.

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