Afrique Centrale: Alger pris à son propre jeu

Le MAK encourage le Mali à protéger sa souveraineté et ouvre la porte à une potentielle collaboration avec Bamako

Ferhat Mehenni: Les Maliens ont enfin compris le jeu malsain des généraux algériens qui veulent faire de leur pays l'arrière-cour de l'Algérie et un Etat vassal, à l'image de la Tunisie actuelle

Ferhat Mehenni, leader des indépendantistes kabyles.

La fracture entre le Mali et l'Algérie est désormais une réalité incontestable, suite à la déclaration officielle du gouvernement de transition malien annulant l'Accord d'Alger. Signé en 2015, ledit Accord a été officiellement déclaré nul et non avenu par les autorités de Bamako en raison des manoeuvres jugées malsaines du régime algérien envers son voisin malien. Selon le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement de transition au Mali, le régime algérien aurait tenté de déstabiliser le pays, révélant ainsi une subversion perçue comme une menace à la souveraineté malienne.

Cette décision, également motivée par des actes d'hostilité et d'ingérence dans les affaires intérieures du Mali, a été saluée par plusieurs acteurs régionaux, dont le leader des indépendantistes kabyles, Ferhat Mehenni.

Il a notamment applaudi la décision du Mali dans un tweet, qualifiant la rupture de «justifiée», tout en soulignant «les manoeuvres dérangeantes des généraux algériens». «Les Maliens ont enfin compris le jeu malsain des généraux algériens qui veulent faire de leur pays l'arrière-cour de l'Algérie et un État vassal, à l'image de la Tunisie actuelle», a écrit le leader du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), avant d'appeler le Mali à prendre des mesures fermes pour protéger sa souveraineté. Il a également tenu à rappeler un vieux secret de polichinelle, selon lequel «Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) serait un appendice des services secrets algériens», pointant du doigt «une implication algérienne dans la déstabilisation régionale».

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Si la réaction du régime algérien ne s'est pas fait attendre, menaçant de raviver la guerre civile au Mali, la décision de Bamako est, quant à elle, largement soutenue par de nombreux observateurs, l'estimant non seulement justifiée, mais aussi nécessaire pour préserver l'indépendance et la stabilité du pays. Ils considèrent également que les menaces de raviver la guerre civile ont renforcé la légitimité de la position du gouvernement de transition malien.

Dans son communiqué vigoureux, lu à la télévision d'Etat par le colonel Abdoulaye Maïga, le gouvernement malien a également mis en lumière une hypothétique situation inverse, suggérant que les autorités algériennes réagiraient de manière similaire si le Mali accueillait des représentants du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie au plus haut sommet de l'Etat.

Cette déclaration qui vise à mettre à nu l'incohérence manifeste de l'attitude algérienne n'est pas passée inaperçue auprès de Ferhat Mehenni, qui a exprimé sa gratitude envers les autorités maliennes et a ouvert la porte au dialogue, espérant un soutien du gouvernement malien au peuple kabyle. «Nous remercions les autorités maliennes de consacrer l'audience du MAK au sein de l'Union africaine. Nous restons ouverts au dialogue qui pourrait déboucher sur un soutien sincère du gouvernement malien au droit du peuple kabyle à l'autodétermination», a-t-il indiqué, avant de rappeler que «le MAK est un mouvement de libération nationale pacifique».

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