Rabat — Les besoins accrus du système de santé requièrent l'instauration d'une gouvernance assurant la coordination entre l'ensemble des parties prenantes de la formation et d'un système de formation efficace doté de mécanismes d'identification et d'une ingénierie pédagogique à même de le développer, a indiqué, mardi, le Premier Président de la Cour des comptes, Zineb El Adaoui.
Mme El Adaoui, qui présentait un exposé sur les activités de la Cour au titre de la période 2022-2023 lors d'une séance commune des deux Chambres du parlement, a passé en revue les résultats d'une série d'évaluations relatives notamment à l'amélioration des services et équipements publics, et à l'optimisation de leur impact sur le quotidien du citoyen, en l'occurrence ceux relatifs à certains services de proximité, à l'instar de la formation de base aux métiers de la santé, de la santé de la mère et de l'enfant, et ceux relatifs aux écoles communales, au transport urbain et suburbain par le biais des autocars et aux souks hebdomadaires.
Quant au secteur de la santé, elle a fait savoir que si l'évolution de la formation des professionnels du secteur garde la même cadence actuelle au cours des prochaines années, le nombre cumulatif des lauréats devrait atteindre 66.351 à l'horizon 2030, estimant que ce chiffre est insuffisant pour améliorer le ratio "professionnels de santé/population".
Mme El Adaoui a ainsi appelé les départements ministériels signataires de la convention-cadre pour la mise en oeuvre du programme d'augmentation des effectifs des professionnels de santé pour la période 2022-2030 à renforcer la capacité formatrice du système de formation aux métiers de la santé, à accélérer le rythme de la couverture territoriale en termes d'établissements de formation aux métiers de la santé, à adopter des mécanismes efficaces pour orienter les étudiants vers ce secteur, ainsi que vers les spécialités qui manquent le plus, et à mettre en place des mécanismes de gestion de la répartition territoriale des nouveaux lauréats en vue de pallier les disparités régionales.
Dans le même contexte, elle a mis en exergue le progrès tangible enregistré dans le domaine de la santé de la mère et de l'enfant, notamment en ce qui concerne la réduction de la mortalité maternelle et néonatale, ajoutant que le taux de mortalité maternelle est passé de 112 pour 100.000 naissances vivantes durant la période 2009-2010 à 72 durant la période 2015-2016, et le taux de mortalité néonatale s'est établi à 13,6 pour 1000 naissances vivantes contre 21,7 durant la même période.
Malgré le progrès enregistré, les résultats relevés demeurent "en deçà du niveau envisageable des plans stratégiques du ministère de tutelle", a-t-elle estimé, citant à cet égard les lacunes constatées au niveau de la prise en charge des femmes en couches et des nouveau-nés au sein des établissements de santé.
À cet égard, elle a mis l'accent sur la nécessité d'assurer le cadre et les ressources nécessaires à l'amélioration des indices de performances liés à la prise en charge de cette catégorie et à mettre en place une gouvernance appropriée aux établissements santé.
Elle a aussi souligné l'importance de poursuivre la réhabilitation des établissements de santé, par le biais de l'aménagement des bâtiments, tout en assurant les équipements, les ressources humaines, les médicaments et les dispositifs médicaux nécessaires, et de veiller au respect des étapes de la démarche de soins médicaux au profit des femmes en couches, en plus d'établir un cadre de gestion à même d'humaniser les soins de santé et les prestations médicales offertes.
S'agissant de l'éducation, le modèle relatif aux "écoles communales" a permis d'atteindre des indicateurs positifs en matière d'infrastructures scolaires, et a contribué à améliorer les conditions de scolarité des élèves du monde rural, sachant que certains des objectifs ciblés n'ont été atteints que partiellement, puisque 33% de l'ensemble des écoles communales créées ne disposent pas d'internats, et 40% d'entre elles ne possèdent pas de logement de fonction, a affirmé Mme El Adaoui.
En vue d'assurer la réussite de ce modèle, elle a appelé à la mise en place d'un cadre juridique adéquat, avec l'élaboration d'une stratégie nationale qui traduit les objectifs escomptés et définit les méthodes de les mettre en oeuvre, soulignant la nécessité de réviser le cadre de référence des écoles communales, en tenant compte des spécificités de chaque Académie.
Concernant les souks hebdomadaires, dont le nombre s'élève à 1.028 au niveau national, Mme El Adaoui a souligné la nécessité de remédier au déficit enregistré en matière d'équipements de base dans ces marchés afin de hisser la qualité des services offerts, notant que 37% des ces souks ne sont pas alimentés en eau potable, 57% ne sont pas raccordés au système d'assainissement liquide, et 29% ne possèdent pas de clôtures de protection.
Elle a également préconisé la mise en place d'un cadre juridique spécifique portant sur les volets relatifs à la création, l'organisation et la réimplantation des souks hebdomadaires, ainsi que l'accélération de l'adoption d'un schéma directeur national visant à les restructurer et à les développer sur la base d'un système référentiel qui tient compte notamment de la prévention des risques sanitaires liés à certains produits exposés.