Ile Maurice: Enfermées, elles veulent changer de shelter

Leur histoire en a marqué plus d'un. Jeanne Elisabeth, 27 ans, et Rolana sont deux Malgaches qui étaient venues à Maurice après avoir cru à une offre alléchante : travailler comme danseuses dans les hôtels. Malheureusement, une fois arrivées chez nous, elles se sont heurtées à un tout autre scénario. Elles ont affirmé qu'elles devaient faire le ménage et effectuer d'autres tâches qui ne figuraient pas dans leur contrat initial. Aujourd'hui, elles ont été placées dans un shelter par la police car elles sont des témoins clés dans une affaire de trafic humain.

Aidées par Roshan Boolkah, vice-président de l'Union of Artists, les deux filles souhaitent rentrer chez elles à Madagascar. Des démarches qu'elles espèrent voir aboutir après notamment un entretien en vidéo paru sur lexpress.mu et un appel lancé à Me Rama Valayden. L'avocat s'était rendu sur place mais n'avait pu parler aux filles.

Hormis cela, Jeanne et Rolana déplorent aussi les conditions dans lesquelles elles vivent dans le foyer d'accueil en question. «La nourriture n'est pas bonne et il y a beaucoup de punaises sur les matelas. Ces petites bêtes nous ont mordues», déplore Elisabeth. Elle confie aussi qu'elle était enceinte et qu'elle a perdu son enfant faute de ne pouvoir se rendre à l'hôpital pour suivre son traitement.

Aujourd'hui, les deux Malgaches veulent en finir avec cette situation et regagner la Grande île. Aladiah Sonina, mère d'Élisabeth, est désespérée. Elle suit la situation à travers les médias. «Nous sommes loin de nos enfants et ne pouvons que compter sur de bons samaritains pour nous aider. La distance ne me permet pas de faire grand-chose mais je prie pour que ces gens qui ont une bonne âme puissent aider ma fille à rentrer au pays. C'est tout ce que je souhaite car mon enfant souffre loin de chez nous», confie cette maman en larmes.

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Qu'en est-il de la situation au centre ? La direction du shelter précise que les deux filles placées chez elle doivent suivre les directives de la police. «Nous faisons de notre mieux pour les encadrer, nous leur avons fait rencontrer des avocats, nous sommes en contact permanent avec l'Organisation internationale pour les migrations et l'ambassade malgache, et les avons aidées à contacter la Commission des droits de l'homme. Nous n'avons malheureusement pas la permission de les laisser sortir sans assistance policière, pour leur propre sécurité. Elles ont aussi participé à plusieurs ateliers proposés par l'association et d'autres partenaires», affirme la direction du foyer. Qu'en est-il du fait que les deux Malgaches souhaitent changer de centre ? La direction fait valoir qu'elle n'a aucune objection à ce qu'elles soient placées ailleurs. Il nous revient que la police a été convoquée au centre aujourd'hui pour trouver une solution.

Rappelons qu'une enquête policière est en cours pour connaître les raisons exactes de la venue des deux Malgaches à Maurice et pour savoir qui est la personne qui leur aurait proposé ce travail de danseuse.

Le combat contre le trafic humain avec la création d'une nouvelle unité de police

En août 2023, une nouvelle unité de la police a été mise en place au sein du* Central Criminal Investigation Department*, dans le but de combattre le trafic humain. Son nom : la «Special Enquiry Team». Elle devra collaborer notamment avec le Passport and Immigration Office et la brigade pour la protection de la famille. Ainsi, après le signalement d'un cas suspect dans un poste de police ou sur la hotline 148, l'assistant surintendant de police (ASP) en charge de la «Special Enquiry Team» en sera informé. Ce dernier donnera des directives aux postes de police concernés pour l'enquête. Concernant les trafics de mineurs, c'est la brigade pour la protection de la famille qui entrera en jeu. Par la suite, un rapport sera envoyé au bureau du Directeur des poursuites publiques. Toutes les opérations seront supervisées par l'ASP, qui aura des rencontres mensuelles avec le commissaire de police pour présenter l'avancée des dossiers. L'unité devra en outre organiser le soutien psychologique de la victime de trafic humain.

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