Ile Maurice: L'ICAC absente au tribunal

Le Pr Swalay Kasenally était présent, hier, au tribunal de Curepipe dans l'affaire d'achat de turbines par le Central Electricity Board (CEB). Il avait fait une demande en août 2023 pour que l'accusation provisoire contre lui soit rayée en raison du trop long délai, soit presque deux ans et demi, depuis son arrestation, le 23 septembre 2023.

L'Independent Commission against Corruption (ICAC) avait justifié le retard dans la finalisation de l'enquête en avançant qu'elle était en attente de compléments d'informations venant d'agences internationales. Après la demande de l'arrêt de la poursuite, il était convenu que l'ICAC présente ses arguments hier. Or, à l'appel de l'affaire, l'ICAC était absente. Ce qui a indigné l'avocat du Pr Kasenally, Me Shaukat Oozeer, qui a déclaré que c'est un manque de respect à la cour de la part de l'ICAC de lui faire faux bond, sans s'excuser ni donner les raisons de l'absence.

L'affaire a été renvoyée pour le 31 mai. Me Shaukat Oozeer a prié le magistrat de demander au représentant de l'ICAC de se préparer à répondre à ses questions le 31 mai pour qu'il ne puisse pas dire qu'il n'est pas en possession de telles ou telles informations. De plus, l'ICAC devra fournir les dates auxquelles les interrogatoires ont eu lieu et auxquelles elle s'est présentée en cour pour cette affaire.

Un avocat que nous avons contacté hier se demande si l'ICAC ne s'est pas absentée de la cour pour gagner du temps. «C'est une affaire éminemment politique. Tout porte à croire qu'Ivan Collendavelloo, qui a été révoqué comme Deputy Prime Minister (NdlR, le 25 juin 2020) ne sera pas poursuivi. Sa première convocation par l'ICAC plus de trois ans après (NdlR, le 30 octobre 2023), d'où il est ressorti en homme libre, semble le prouver.» Il voit mal l'ICAC justifier le maintien de la charge provisoire contre le Pr Kasenally. «C'est peut-être pour cela que la commission anticorruption ne s'est pas présentée en cour aujourd'hui.» L'avocat est d'avis qu'il se peut aussi que l'ICAC veuille maintenir la pression sur Kasenally jusqu'aux élections, tout en l'enlevant de Collendavelloo. «Cela ne m'étonnerait pas que la visite du leader du Muvman Liberater à l'ICAC, le 30 octobre 2023, ait été pour qu'il s'en rende compte de ses propres yeux.»

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On nous parle également de l'ancien haut cadre du CEB qui n'a jamais été inquiété dans cette affaire. «Il a pu quitter le territoire pour l'Europe où il s'est installé et revenir en visite dans son île natale sans qu'il soit interpellé. L'absence de l'ICAC au tribunal est révélatrice. Ce qui est sûr, c'est qu'elle fait fi d'une de nos institutions les plus sacrées, la justice.» Il sera intéressant d'écouter les explications de l'ICAC le 31 mai.

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