Un début d'année prospère pour Aliko Dangote, l'homme le plus riche d'Afrique. L'industriel nigérian a vu sa fortune grimper de 6,9 milliards de dollars ce mois de janvier, pour atteindre 22 milliards de dollars selon l'indice Bloomberg des milliardaires.
À en croire l'agence de presse américaine, il s'agit d'un niveau de richesse record depuis une décennie pour le fondateur de Dangote Cement, le plus grand cimentier du continent. L'homme d'affaires profite ainsi du doublement des titres de son entreprise, dont Femi Otedola a récemment acquis une part.
Ce personnage influent du milieu des affaires nigérianes prévoit d'augmenter sa participation, vantant auprès de Bloomberg, "une société attrayante, la seule au Nigeria avec une capacité d'exportation substantielle".
Monopole critiqué
Dangote a étendu son empire en inaugurant en mai 2023, la plus grande raffinerie de pétrole d'Afrique. Dotée d'une capacité de 650 000 barils par jour, l'infrastructure prévue pour produire également du diesel et du kérosène devrait permettre au Nigeria de réduire sa dépendance vis-à-vis de l'extérieur.
De quoi éventuellement propulser davantage la fortune de son propriétaire et ainsi nourrir les critiques de ceux qui pourfendent la "super richesse d'un petit groupe de personnes" à travers le monde en contraste avec la situation de précarité du plus grand nombre.
C'est le cas de l'ONG Oxfam International dont le dernier rapport Multinationales et inégalités multiples publié le 15 janvier 2024 en marge du Forum de Davos, s'inquiète de l'émergence "d'un nouveau monopole privé" d'Aliko Dangote dans le brut après sa mainmise sur le ciment.
Perquisition polémique
La hausse du patrimoine de l'homme de 66 ans intervient dans un contexte particulier pour ses affaires au Nigeria. Son groupe a en effet fait l'objet d'une perquisition très médiatisée de la part de la Commission anticorruption du pays, la EFCC (Economic and Financial Crimes Commison), le 4 janvier 2024, dans le cadre d'une enquête plus large visant l'ancien patron de la Banque centrale, Godwin Emefiele.
Accusé de fraude, celui-ci est soupçonné d'avoir accordé des conditions préférentielles d'accès aux devises à certaines personnalités du pays. Cette visite que le groupe Dangote a qualifié "d'embarras injustifié" représente selon de nombreux observateurs, une initiative inhabituelle de la part de l'État envers les intérêts de Dangote.
Ce chef d'entreprise est réputé entretenir de bonnes relations avec les autorités successives nigérianes. Certaines voix, à l'instar de l'Association des fabricants du Nigeria, ont dénoncé une initiative potentiellement nuisible aux investissements dans le pays. D'autres en revanche y voient le signe d'une lutte contre l'impunité.