Pour espérer disputer les demi-finales de la CAN 2024, le Mali devra briser, en quarts de finale, la malédiction qui l'empêche souvent de battre la Côte d'Ivoire. En plus de 30 confrontations, les Aigles ne se sont imposés que quatre fois devant les Éléphants.
« Mali puissanci !» (« Mali trop puissant »), le cri de ralliement de l'équipe nationale du Mali a souvent résonné dans les joutes des Aigles quand il a fallu piquer sur leurs adversaires. Mais face à la dure cuirasse des Éléphants, les Maliens ont généralement déchanté.
Mali-Côte d'Ivoire, un derby entre voisins très proches, a en effet trop souvent tourné à l'avantage des Ivoiriens. L'historique des confrontations est sans appel : depuis leur première rencontre en 1965, sur les 32 matchs disputés entre les deux pays, le Mali a perdu 19 fois, pour seulement 4 victoires et 9 matchs nuls.
« Même du temps de Salif Keïta, le Mali ne battait pas la Côte d'Ivoire »
Une statistique qui a le don de rendre optimistes les supporters ivoiriens à la veille du quart de finale de la CAN 2024 entre leurs Éléphants et les Aigles du Mali, ce samedi 3 février à Bouaké (17H TU).
C'est une sorte de malédiction que l'équipe malienne n'arrive pas à définitivement briser et qui perdure à travers les générations de joueurs. Amadou Pathé Diallo, ancien international malien, ex-entraîneur adjoint de la sélection, a aussi été victime du « sort ». « J'ai été le premier capitaine de la première équipe junior du Mali en 1983, raconte-t-il.
Pour notre premier match, on avait battu la Côte d'Ivoire, 2-1. Même score au match retour pour les Ivoiriens, et on a perdu aux tirs au but. Pour mon dernier match en sélection, j'ai été battu aussi par la Côte d'Ivoire, 3-1 à Bouaké. J'ai joué cinq ou six matches contre eux, comme joueur ou entraîneur, je n'ai jamais réussi à les battre. Bien avant nous, on nous disait que même du temps de Salif Keïta, le Mali ne battait pas la Côte d'Ivoire. »
« Ne pas plonger dans une sinistrose »
L'ancien joueur du Sporting Portugal était également présent lors de la CAN 2012, lorsque la Côte d'Ivoire a mis fin au rêve du Mali de disputer sa première finale de Coupe d'Afrique depuis 1972, en l'éliminant en demi-finale (1-0). Le sélectionneur de l'époque, Alain Giresse, se souvient que la « malédiction » était un sujet sur toutes les lèvres.
« Être au Mali et évoquer un match contre la Côte d'Ivoire, c'est évoquer un pays qui ne vous réussissait pas. Tout d'un coup, on plongeait dans un contexte qui pouvait mettre dans les têtes quelque chose de négatif. Ça peut éventuellement laisser quelques traces dans les esprits, reconnaît le technicien français. Mais il ne faut pas faire une fixation sur ces statistiques, sinon, on va plonger dans une sinistrose. Il faut rester dans le positif. »
S'il ne prédit la victoire des siens face aux Ivoiriens, Pathé Diallo annonce que Mali-Côte d'Ivoire de ce samedi 3 février sera « le plus grand derby de toute l'histoire du football malien ». Pas question donc pour les Aigles d'être cette fois encore « Mali... impuissanci » face aux Éléphants.
Les propos d'Amadou Pathé Diallo et Alain Giresse ont été recueillis par Éric Mamruth.