Pouvez-vous résumer en trois ou quatre mots le scoutisme ?
Forger le caractère, le loisir et le volontariat.
Présentez-vous alors...
Je me nomme Toky Rahaingo Rafanomezantiana, né le 15 mars 1981 à l'ancien hôpital militaire Soavinandriana d'Antananarivo. J'ai étudié à l'école primaire publique Ambohipo, au collège d'enseignement général Avaradrova, au lycée Andohalo. Et enfin, j'ai suivi des études en géographie à la faculté des Lettres et Sciences Humaines d'Ambohitsaina, obtenant finalement un diplôme d'études approfondies en Géographie, spécialité Environnement et Aménagement du Territoire.
Vous êtes un pur produit de notre système d'éducation et d'enseignement. De l'école élémentaire publique à l'université publique. Est-ce que vos études en géographie vous ont apporté un plus dans le scoutisme ?
TRR : C'est le fait d'être scout qui m'a poussé à suivre la filière géographie après mon Baccalauréat. Parce que c'est dans le scoutisme que j'ai pu visiter beaucoup de lieux à Madagascar et connaître la diversité de chaque région, ses richesses, ses habitants, la société qui y vit, ses traditions... Mon parcours universitaire m'a, à l'inverse, aidé à organiser ma mission au niveau du scoutisme par rapport à mes responsabilités, comme l'administration d'une « région », d'une « province » (Dans le jargon scout), les grands regroupements sont dénommés « faritra » et « faritany ». Dans l'élaboration et la gestion de projet de développement et de formation.
Qui ou qu'est-ce qui vous a poussé à intégrer les éclaireurs ?
Nous sommes une fratrie de trois enfants, c'est ma petite soeur qui a été la première à les intégrer. Elle m'a ensuite convaincu de la suivre. Ensuite, j'ai assisté à ma première réunion un samedi. C'était le déclic et je n'ai plus quitté. J'ai vraiment apprécié les camps en campagne, les treks éclairs par an, les grands treks par an. Tant que j'ai la possibilité, je participerai toujours aux activités.
Avec l'insécurité ambiante, les parents ont de plus en plus peur d'envoyer leurs enfants faire du scoutisme. Est-ce que vous l'avez constaté ?
C'est vrai, qu'il y a des problématiques d'insécurité. Mais du moment qu'il y a une activité « scout », des gens formés pour cela en sont responsables et la mènent. Les reconnaissances sont obligatoires avant tout, le « pré camp ». Des documents d'autorisation administrative signés sont aussi en leur possession avec la collaboration des agents de l'Etat sur le terrain. Les chefs rendent visite aux aînés et sages d'un village ou lieu visité, le programme est bien ficelé grâce à des fiches techniques. Il y a également une police d'assurance et tout est ensuite laissé entre les mains de Dieu.
Pouvez-vous nous raconter ce qui vous a le plus impressionné pendant vos activités en tant que scout ?
C'est lorsque j'ai vu un chef scout marcher nuits et jours depuis Ambatosoa, dans les environs de Mananara Avaratra et Maroantsetra, pour sortir à Antalaha. De là, il a pris le taxi brousse pour Ambanja afin d'assister à une formation pour les commissaires éclaireurs. Cela équivaut à des centaines de kilomètres de marche. Et il a fait le même chemin pour le retour. C'était en février 2022.
Et vous, quel est votre record ?
Sans doute 30 à 60 km à travers Ambatomanga, Manjakandriana, Ambatolaona, Mantasoa, Moramanga, Andasibe... Mais d'autres scouts arrivent à faire des centaines de kilomètres en plusieurs jours de marche.
Et le lieu qui vous a le plus marqué durant vos explorations de scout ?
Nosy Be Hell-Ville, avec en sus, les visites des petites îles alentour, Nosy Iranja et d'autres.
Vous êtes en contact avec des jeunes. Ces derniers sont souvent qualifiés de oisifs, accaparés par les écrans. On estime qu'ils ont manqué leur enfance par rapport aux générations précédentes. Est-ce-que c'est tout simplement vrai ?
C'est vrai que Facebook obnubile la jeunesse actuelle. Cependant, les éclaireurs utilisent les réseaux sociaux dans la formation de nos jeunes. Pour preuve, nous avons notre page Facebook. Durant les camps et les grands rassemblements, les jeux traditionnels et les valeurs malgaches selon chaque région du pays sont toujours mis en avant.