En Guinée, les femmes de Coronthie ont pris la tête d'un mouvement de protestation ce 1er février 2024. Il s'agit du quartier de Conakry qui a été le plus touché par l'explosion d'un dépôt de carburant dans la nuit du 17 au 18 décembre 2023. Ses habitants disent avoir été abandonnés par l'État. Ils réclament notamment que les corps des victimes soient restitués aux familles et que les maisons abîmées soient réparées. La reconstruction tarde à se matérialiser. Reportage.
Hier, en milieu de journée, dans une petite maison de Coronthie, un quartier pauvre situé à deux pas des ministères et de la présidence de Guinée. Fanta*, qui habite avec son père, explique : « Nos mamans sont sorties pour qu'ils viennent arranger nos maisons, il y en a certaines qui n'ont même pas où dormir ! L'explosion a tout envoyé ! »
Mur lézardé, réfrigérateur hors service, la maison de Fanta a été durement touchée par l'incendie du dépôt de carburant. Selon elle, c'est à l'État de faire les réparations : « Ils ont promis, mais jusqu'à présent, ça fait un mois, on n'a rien vu ! Je me sens mal, ça suffit ! On n'a pas les moyens de quitter Coronthie, si on avait les moyens, on aurait quitté Coronthie ! »
Des cris parviennent de l'extérieur. Dans l'embrasure de la porte, on aperçoit des jeunes qui courent à toute allure poursuivis par des agents en uniforme. « Ce sont les policiers et nos grands frères qui sont là, qui se jettent des cailloux, crie Fanta. C'est la première fois que ça se passe ici ».
La veille, Kaloum a perdu son calme habituel. Sorties à l'aube pour manifester, les femmes du quartier ont été obligées de battre en retraite après l'intervention des forces de l'ordre. Ce sont les jeunes qui ont pris le relais.
Dans l'après-midi, les policiers et les gendarmes se sont retirés, les femmes sont rentrées chez elles. Des discussions sont en cours avec les autorités.
Pour rappel, la Guinée a été frappée par l'explosion et l'incendie d'un dépôt de carburant dans la nuit du 17 au 18 décembre 2023. Le drame a tué 25 personnes et fait plus de 400 blessés.
*Le prénom a été modifié à la demande du témoin.