Burkina Faso: Des prélèvements sur les salaires pour financer la guerre

Texte La décision a été prise en conseil des ministres début janvier d'instituer une retenue obligatoire sur les rémunérations des agents publics et des travailleurs du secteur privé. 1% sur le salaire net des travailleurs du public comme ceux du privé et 25% sur les primes des travailleurs du public. La décision entre immédiatement en vigueur. À Ouagadougou, les réactions sont mitigées.

"Ce prélèvement, je me dis que c'est de trop, vu la situation que traversent les Burkinabè. Pour joindre même les deux bouts, c'est très difficile. C'est bien de prélever mais est-ce que ça va servir ? Avec les taxes qui sont déjà prélevées, nous n'avons pas un point", a dit Bertin Kaboré, informaticien.

"Le prélèvement des 1%, je suis d'accord mais il sera vraiment bien de nous faire le bilan de ce qu'ils récoltent par mois et où va le 1%. Ça sera bien pour nous citoyens de ce pays. Un bilan clair pour savoir le prélèvement a servi à quoi et quoi", a affirmé Valentin Bouto, chercheur.

"Nous sommes très conscients en tant que peuple que c'est nous qui devons faire notre guerre. Ce prélèvement, ce n'est pas arbitraire. C'est une contribution de la part du peuple pour défendre le territoire national", a dit Lionel Konseibo, étudiant.

Si toutefois les prix des produits vont rester en baisse, le consommateur ne va pas tellement ressentir ces prélèvements selon des économistes.

"Ces prélèvements vont contribuer à diminuer le revenu disponible pour les ménages pour les consommateurs. On est tout à fait d'accord. Ce qu'il faut savoir, il faut tenir compte du niveau des prix pour estimer et voir si ça va baisser ou pas, le pouvoir d'achat du consommateur. De façon générale ces derniers temps, au Burkina, il y a une forte baisse des prix surtout au niveau des produits alimentaires. On peut se dire oui, le salaire baisse mais si en même temps niveau général des prix baisse, en réalité le pouvoir d'achat reste inchangé. Le consommateur peut ne pas ressentir cette baisser. Mais il faudrait que la baisse du niveau des prix soit plus que les prélèvements qui sont sur les salaires", a expliqué Dr Abdoulaye Siri, économiste, enseignant-chercheur à l'université de Ouagadougou.

Le ministère de l'Economie, invite les employeurs du secteur privé à déclarer et reverser les prélèvements auprès des services de la Direction générale des impôts. Pour les employeurs du secteur public, ces prélèvements doivent être reversés dans les comptes Trésor du Fonds de Soutien Patriotique au plus tard le 5 du mois suivant celui au titre duquel ils ont été effectués.

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