Dakar — L'artiste guitariste Cheikh, de son vrai nom Cheikhou Coulibaly, est décédé, vendredi, des suites d'une longue maladie, a appris l'APS de Guissé Pène, membre du staff du groupe Pape et Cheikh.
Cette disparition survient au lendemain de la présentation du nouvel album du groupe.
Le célèbre duo a organisé, à cette occasion, une rencontre avec la presse, au cours de laquelle il a appelé à la stabilité du pays, à quelques jours de l'élection présidentielle du 25 février prochain.
Pape et Cheikh ont annoncé au cours de cette rencontre la sortie d'une reprise en live de leur célèbre tube « Bu leen Wengal Gaal Gui » (Ne pas faire tanguer la pirogue), mis sur le marché pour la première fois en 2000.
« Bu leen wengal Gaal Gui » se veut « une contribution à la paix et à la sécurité du pays », en vue de la campagne présidentielle qui démarre dimanche sur l'étendue du territoire sénégalais, selon Pape Amadou Fall, Pape de son nom d'artiste.
« Nous avons constaté que la chanson a eu un impact positif sur la population à sa sortie en 2000, lors de l'élection présidentielle. Vu le contexte électoral actuelle, nous l'avons revisité en live, pour sensibiliser la population et contribuer ainsi à la paix et à la stabilité du pays », a confié le lead-vocal du groupe Pape et Cheikh.
Il était longuement revenu sur la situation de son ami Cheikh, alité, lors de ce panel organisé sur le thème « Bu leen Wengal Gaal Gui », une initiative visant à mettre à contribution les journalistes, chroniqueurs et analystes politiques afin de « décortiquer la situation politique du pays » en cette veille de campagne électorale.
Ce morceau éponyme « Bu Leen Wengal Gaal Gui » fait partie de cinq autres titres composant la nouvelle production du groupe Pape Cheikh, à savoir « Diello », « Yay Kann » (Qui est tu ?), « My choice » (Mon choix), « Belli », « Sang yi ».
Le journaliste Alassane Cissé est revenu sur l'histoire du groupe, soulignant que les musiciens Pape et Cheikh, qui totalisent plus de 25 ans sur la scène musicale, symbolise « une âme », autant qu'ils célèbrent et magnifient l'amitié, dit-il.
Les artistes Pape et Cheikh, renseigne le journaliste, « c'est l'histoire de deux amis d'enfance qui ont commencé à se côtoyer à l'âge de dix ans ».
« Ils ont partagé la même passion pour la musique, ils ont traversé tous les deux beaucoup de difficultés qu'ils ont réussi à surmonter grâce à leur goût pour la musique et l'ambition d'être utile à leur communauté », analyse Cissé, un ancien journaliste à Sud Quotidien.
Il a évoqué le contexte économique et social « tendu » que vit le Sénégal, estimant que le pays « est à la croisée des chemins, dans un cercle de feu, car menacé par des phénomènes de violence », raison pour laquelle la chanson « Bu leen Wengal Gaal Gui » est selon lui toujours d'actualité.
Pape et Cheikh, originaires de Kaolack (centre), ont grandi ensemble en partageant une passion commune pour la musique.
Ils ont formé leur duo en 1997, et ont depuis développé un style inspiré de la musique afro folk et de chansons traditionnelles.
« Yaakaar » (L'espoir), leur premier album, a été enregistré en 2001 avec le label « Joololi » de Youssou Ndour.
Cette production va révéler le groupe sur la scène nationale avec des morceaux sur l'unité et la paix en Casamance, tels que « Yatal Gueew » (Elargir le cercle), qui sera abondamment utilisé pendant les campagnes électorales au cours de cette période.
Pape et Cheikh se sont aussi fait connaître sur la scène internationale grâce à leur collaboration avec Peter Gabriel, célèbre artiste anglais avec lequel ils ont enregistré « Mariama ».
Le duo fera ainsi la première partie de la tournée de Tracy Chapman en 2003.
Le président Wade va par la suite leur confier, en 2007, la musique de sa campagne pour un deuxième mandat, intitulée « Gorgui Doli Niou ».