Dakar — Des syndicalistes des secteurs de la santé et de l'éducation ont reçu vendredi des financements devant leur permettre d'être plus résilients dans des situations de crise comme celle connue durant la pandémie de covid-19.
Cette initiative s'inscrit dans le cadre d'un projet dénommé Education Santé mobilisés en situation de crises (EDUSAMU) et devrait aider les bénéficiaires - venus des 14 régions du Sénégal et membres de syndicats d'enseignants ou du secteur de la santé - à dérouler des activités entre février et juillet prochain.
Les syndicalistes concernés ont eu l'opportunité de présenter leurs projets axés sur le renforcement de capacités, la formation de relais et la production d'outils de communication, au cours d'un atelier de financement tenu le même jour à Dakar.
Les propositions qu'ils ont faites visent à mieux capitaliser leurs expériences durant la période Covid-19 et se préparer à d'éventuelles crises.
Bouna Ndiaye, parmi les bénéficiaires, a présenté un projet axé sur la mise en place d'un comité de surveillance dans la région de Matam (nord).
« On a mis en place un projet de formation de 25 relais communautaires qui seront dans un comité de surveillance et d'observation pour faire face à d'éventuelles crises », a expliqué cet enseignant membre du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (SELS) et en service à Matam.
Bouna Ndiaye a donné en exemple l'exploitation de phosphates dans cette région, souvent source de conflits entre exploitants et populations locales.
Dans son projet, il prévoit la confection d'outils jugés innovants pour pouvoir rapidement mettre à contribution les autorités sanitaires.
« La pandémie a éprouvé de façon considérable les secteurs de l'éducation et de la santé, avec des ruptures de fournitures de services socio-éducatifs », a expliqué Abdou Diao, chargé de la coordination du projet « Edusamu » au sein de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l'éducation publique (Cosydep).
Les personnes les plus exposées pendant la pandémie étaient les agents de santé obligés d'assurer la prise en charge des patients mais également les enseignants, qui ont assuré le service pour les élèves en classe d'examen, a-t-il rappelé.
« C'est pourquoi, tout en tirant les leçons de la pandémie, on a pensé qu'il fallait trouver un programme pour les appuyer de manière à pouvoir renforcer leur résilience, trouver les outils et des stratégies qui peuvent leur permettre d'être plus préparés face aux crises sanitaires, sociales, économiques ou climatiques qui peuvent survenir », a-t-il expliqué.
Les projets retenus doivent permettre aux acteurs de la santé et de l'éducation, notamment les syndicalistes, de « faire preuve de créativité et d'imagination pour pouvoir faire de la recherche, mobiliser des données et assurer le rôle d'agents communautaires. Cela pour rendre les communautés plus résilientes », a précisé M. Diao.
Il considère que des mini-projets de cette nature « sont une opportunité pour aiguiser le sens de la recherche chez les syndicalistes et leur permettre de pouvoir faire de sorte qu'au niveau local, ils puissent développer des stratégies et des compétences qui leur permettent d'aller vers l'autonomie et trouver à l'intérieur de leurs circonscriptions des moyens de financer certaines de leurs activités ».
Selon Sidy Moctar Ndiaye, coordonnateur des programmes à Enda-Santé, ce projet a été pensé par les deux organisations Enda-Santé et Cosydep, avec l'appui d'OSIWA, une fondation oeuvrant pour l'ouverture des sociétés en appuyant et en construisant des partenariats avec les groupes locaux et régionaux pour promouvoir la gouvernance démocratique inclusive, la transparence, la responsabilité et la citoyenneté active.
« L'objectif était d'accompagner les syndicalistes des secteurs de l'éducation et de la santé, deux secteurs très touchés par la pandémie, pour plus de résilience face aux crises », a dit M. Ndiaye.
EDUSAMU a été lancé en juillet 2022 avec des activités de renforcement de capacités des acteurs syndicaux sur la manière de gérer les situations d'urgence surtout dans les zones les plus reculées, où « on trouve toujours un enseignant et un infirmier chef de poste, premiers acteurs à servir d'intermédiaire en cas de crise entre la communauté et le niveau national », selon Sidy Moctar Ndiaye.
Plusieurs projets ont été reçus depuis octobre. Un projet a été sélectionné dans chaque région par un comité constitué des deux organisations, d'un représentant du ministère de la Santé et du ministre de l'Education.