Dakar — Les parlementaires sénégalais ont besoin d'être davantage sensibilisés sur »les véritables objectifs de plaidoyer pour l'accès à l'avortement médicalisé en cas de viol et d'inceste », a plaidé, vendredi, à Dakar, la coordonnatrice du comité de plaidoyer pour l'accès à l'avortement médicalisé en cas de viol et d'inceste au Sénégal, Aissatou Ndiaye.
« La question du plaidoyer est au centre de la problématique de l'avortement. Nous avons besoin de mettre à niveau les parlementaires de la 14ème législature afin qu'ils comprennent les véritables objectifs de plaidoyer, les enjeux auxquels nous faisons face, mais surtout ce que nous avons eu depuis la création de ce comité en 2013", a-t-elle déclaré.
Intervenant lors d'un atelier de partage et de mise à niveau autour du projet de réforme sur l'avortement médicalisé à l'Assemblée nationale, Aissatou Ndiaye a insisté sur « le caractère primordial » de la démarche qui doit être entreprise dans ce sens.
»C'est une manière de donner place à la bonne information par rapport à nos objectifs de plaidoyer parce que nous avons constaté que le message de la Task-Force [du comité de plaidoyer pour l'accès à l'avortement médicalisé en cas de viol et d'inceste] a été déformé pendant des années », a ajouté Mme Ndiaye.
« Nous insistons plus sur le fait que ces exceptions, le viol et l'inceste, doivent être pris en compte dans le Code pénal mais le principe de l'interdiction de l'avortement va rester », a-t-elle précisé.
Elle juge « primordial que tous les décideurs soient impliqués pour avoir une disposition qui autorise l'avortement médicalisé en cas de viol et d'inceste ».
Au nom des députés de la 14ème législature, Mame Guèye Diop, présidente de la commission Santé de l'Assemblée nationale, a souligné que cet atelier « constitue une belle occasion pour passer en revue les contours de l'environnement juridique liés à la santé de la reproduction au Sénégal, particulièrement l'avortement médicalisé ».
« L'autorisation de l'avortement en cas de viol et d'inceste, y compris lorsque la santé de la mère est menacée, demeure une question qui mérite une attention toute particulière, d'autant plus que notre pays a ratifié le Protocole de Maputo qui prévoit ces cas de figure en son article 14 », a déclaré Mme Diop
« Il reste à lever les contraintes sociales, culturelles et religieuses sur cette question sensible ayant une dimension nationale, et en tant que législateur, nous avons un rôle déterminant à jouer dans ce processus de réforme », a indiqué la présidente de la commission Santé de l'Assemblée nationale.