Le chef de l'Etat, Macky Sall, a décidé samedi du report du scrutin présidentiel, qui était prévu pour le dimanche 25 février 2024. Dans un discours à la Nation, le président de la République a évoqué une crise institutionnelle pour user des dispositions de l'article 52 de la constitution. Ledit article dispose : « Lorsque les institutions de la République, l'indépendance de la Nation, l'intégrité du territoire national ou l'exécution des engagements internationaux sont menacées d'une manière grave et immédiate, et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ou des institutions est interrompu, le Président de la République dispose de pouvoirs exceptionnels. Il peut, après en avoir informé la Nation par un message, prendre toute mesure tendant à rétablir le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et des institutions et à assurer la sauvegarde de la Nation. Il ne peut, en vertu des pouvoirs exceptionnels, procéder à une révision constitutionnelle ».
Donant les raisons, Macky Sall a d'abord évoqué «un conflit ouvert sur fond d'une supposée affaire de corruption de juges». A cette situation « suffisamment grave et confuse », ajoute le président sortant, «vient s'ajouter la polémique d'une candidate dont la bi-nationalité a été découverte après la publication de la liste définitive des caniddats par le Conseil constitutionnel; ce qui constitue une violation de l'article 28 de la Constitution qui dispose que tout candidat à la présidence doit être exclusivement de nationalité sénégalaise »
Le Chef de l'Etat est d'avis que « ces conditions troubles pourraient gravement nuire à la crédibilité du scrutin en installant les germes d'un contentieux pré et post-électoral ». car, s'est-il justifié, « alors qu'il porte encore les stigmates de mars 2021 et de juin 2023, notre pays ne peut se permettre une nouvelle crise ». Il ajoute : « En tant que président de la République garant du fonctionnement régulier des institutions et respectueux de la séparation des pouvoirs, je ne saurais intervenir dans le conflit entre le pouvoir législatif et judiciaire ».
Dialogue national ouvert
Le président Sall, qui a signé le décret abrogeant celui portant convocation du corps électoral, a de tout de même réitéré son engagement à ne pas prendre part à ces élections.
« Enfin, j'engagerai un dialogue national ouvert afin de réunir les conditions d'une élection libre et inclusive », a-t-il notamment promis.
Pour rappel, dans la foulée de la publication de la liste de 20 candidats retenus, le 20 janvier dernier, le groupe parlementaire de Wallu a proposé et obtenu la création d'une commission d'enquête parlementaire visant à éclairer l'opinion sur les conditions d'élimination du candidat du Pds, Karim Wade, de l'élection présidentielle.
Mais le Conseil constitutionnel, dont deux de ses membres sont accusés de « corruption » et de « connexions douteuses », a exprimé publiquement sa ferme volonté de mener jusqu'à son terme le processus électoral. Ce qui signifie qu'il n'y aura pas de démission de ses membres.
L'Union des magistrats du Sénégal (UMS) a réaffirmé le principe de séparation des pouvoirs. Ce qui signifie qu'aucun magistrat n'ira répondre à l'Assemblée nationale à cette commission d'enquête parlementaire mise sur pied.
Dans la foulée, le même groupe parlementaire a déposé une proposition de loi visant à reporter ce scrutin ; ce que le bureau de l'Assemblée nationale a validé, ce samedi matin.