Afrique: Q&R - Le vaccin contre le cancer du col de l'utérus est fiable

2 Février 2024

DAKAR — Le cancer du col de l'utérus est le quatrième cancer le plus courant chez les femmes dans le monde. Au Sénégal, il représente la première cause de décès par cancer chez les femmes.

Les experts et acteurs engagés dans la lutte contre cette maladie rappellent que le dépistage précoce et la prévention sont des démarches qui permettent de l'éviter.

A l'occasion de la journée mondiale dédiée à la lutte contre le cancer, ce 4 février, SciDev.Net s'est entretenu avec le Fatma Guenoune, présidente de la Ligue sénégalaise contre le cancer (LISCA).

"Malgré la mauvaise presse qui a été faite autour des vaccins, surtout en période de COVID-19, nous pouvons assurer de sa fiabilité"Fatma Guenoune, LISCA

Elle explique souligne l'intérêt de vacciner les jeunes filles pour éviter qu'elles contractent cette maladie plus tard dans leur vie.

En Afrique, le Gardasil et le Cevarix sont les vaccins administrés pour prévenir le cancer du col de l'utérus). Parlez-nous de ces vaccins.

Ce vaccin est une préparation biologique administrée à l'organisme afin de stimuler le système immunitaire et d'y développer une immunité adaptative, protectrice et durable contre l'agent infectieux, en l'occurrence le papillomavirus Human (HPV).

La réaction immunitaire primaire va mettre en mémoire l'antigène menaçant présenté pour que lors d'une contamination ultérieure, l'immunité ainsi acquise puisse s'activer plus rapidement et plus fortement.

Pourquoi le vaccin est-il nécessaire dans la lutte contre le cancer du col de l'utérus ?

Au Sénégal, le cancer du col de l'utérus est le plus fréquent avec 1 937 nouveaux cas de cancer du col de l'utérus dont 1 312 décès par an. Le vaccin contre le HPV est le moyen le plus efficace de prévenir le cancer du col de l'utérus, car il immunise la femme contre le HPV-16 et le HPV-18, responsables de 70 % des cas de cancer du col de l'utérus et offre une protection efficace pour prévenir les verrues génitales.

Ce vaccin est-il efficace et fiable ?

Le vaccin a été soumis à des tests rigoureux et ceci pendant une vingtaine d'années. Il a été administré à plus de 270 millions de personnes dans le monde depuis 2006. Malgré la mauvaise presse qui a été faite autour des vaccins, surtout en période de COVID-19, nous pouvons assurer de sa fiabilité.

Surtout qu'il est important de souligner qu'il lutte, certes contre le cancer du col de l'utérus, mais aussi contre le cancer de l'anus, de la gorge, du cou, de la bouche et de la tête chez l'homme comme chez la femme.

On note pourtant une réticence des populations à l'égard du vaccin...

L'ignorance, les rumeurs et fausses informations véhiculées autour des vaccins sont les principales causes de la réticence que nous pouvons observer. C'est pourquoi il est important de sensibiliser les gens, de les rassurer.

Nous organisons donc pour cela des formations des « badiénou ngokh » (marraines de quartier), des visites à domicile en utilisant les relais communautaires, des caravanes de sensibilisation, des causeries éducatives avec les groupements de femmes ou associations féminines dans les entreprises, dans les marchés, des émissions télévisées et radiophoniques.

Quelle est la tranche d'âge la plus vulnérable au cancer du col de l'utérus et quels sont les facteurs favorisant l'apparition de cette maladie ?

La tranche d'âge la plus vulnérable est située entre 30 - 50 ans ; ceci s'explique par le temps d'incubation qui varie de 10 à 20 ans après la contamination. Car, une fois que la contamination s'est faite, il peut se passer 10 ans avant l'apparition des lésions précancéreuses et encore 10 ans avant l'apparition du cancer proprement dit.

Les facteurs favorisant le cancer du col de l'utérus sont multiples, parmi eux, nous pouvons citer les multiples partenaires sexuels, la précocité des rapports sexuels, le tabagisme, et certains traitements médicamenteux notamment des immunodépresseurs et des contraceptifs hormonaux.

Qu'en est-il de la disponibilité du vaccin au Sénégal ?

Le vaccin est disponible. Et même s'il est vrai qu'il coûte cher, il reste néanmoins gratuit et accessible au Sénégal grâce à l'Etat qui le subventionne et qui a introduit un programme de vaccination de routine contre le papillomavirus humain.

L'homme est-il concerné par ce vaccin ?

Parmi les facteurs favorisant le cancer du col de l'utérus, on trouve les multiples partenaires sexuels. C'est donc à dessein que l'homme à une place de choix dans la lutte contre ce cancer. Dans certains pays, surtout scandinaves, considérés comme les principaux vecteurs, les jeunes garçons se font vacciner.

Quel est votre objectif à long terme ?

L'idéal serait de vacciner toutes les fillettes de 09 à 14 ans avant leurs premiers rapports sexuels pour qu'elles soient immunisées en cas de contamination. C'est ainsi que nous pourrons empêcher la progression et pourquoi pas, éradiquer ce cancer qui ronge notre société.

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