Ile Maurice: Dhritee Jagmohansingh et Manav Deena unis dans la mort

Leurs destins se sont croisés dans la vie et les voilà unis dans la mort. Personne ne sait d'où sortaient Dhritee Jagmohansingh et Manav Deena. Les deux étaient à moto, le jeudi 1er février, quand ils ont été victimes d'un accident de la route d'une rare violence. Manav Deena, 19 ans, qui habite Caroline, pilotait la moto alors que Dhritee Jagmohansingh, 20 ans, habitante de St-Julien Village, était en croupe. Ils n'ont pas survécu à leurs blessures.

L'accident s'est produit à Gentilly, Moka, vers 17 heures. Selon nos informations, Manav Deena roulait derrière un camion. Le poids lourd s'est subitement arrêté car une voiture devant lui a mis son clignotant à la dernière minute pour se garer. Au moment où le camion redémarrait, Manav Deena l'a doublé. En exécutant sa manoeuvre, le chauffeur du camion a heurté la moto et les roues du poids lourd ont passé sur le deux-roues, blessant mortellement le pilote et sa passagère à la tête.

Les deux victimes ont été transportées de toute urgence à l'hôpital Victoria, Candos, par l'ambulance du Service d'Aide Médicale d'Urgence. Sauf que les deux jeunes étaient déjà morts à leur arrivée dans ce centre de soins. Les autopsies pratiquées par le Dr Sudesh Kumar Gungadin, Chief Police Medical Officer, ont révélé que Dhritee Jagmohansingh et Manav Deena sont décédés en raison de la gravité de leurs blessures à la tête.

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Le chauffeur du camion, Chudan Soomitree, 39 ans, un habitant de Montagne-Blanche, a été arrêté sous une accusation provisoire d'homicide involontaire. Il a comparu en cour de Moka, hier, vendredi 2 février. Il a recouvré la liberté contre paiement d'une caution.

(La moto et ses occupants se sont retrouvés sous les roues du poids lourd.)

Deux villages endeuillés

Depuis cette double mortalité les villages de St-Julien et de Caroline sont en deuil. Les habitants n'arrivent pas à se réconcilier à l'idée qu'ils ont perdu deux jeunes à la fleur de l'âge. Pour eux, ce sont des rêves et des avenirs prometteurs, qui ont été brisés à tout jamais. Hier, il y avait foule chez la famille Jagmohansingh où s'étaient réunis des proches, des voisins et des amis de classe, venus en grand nombre rendre un dernier hommage à Dhritee et témoigner de leur soutien à sa famille. Son frère aîné, Hansraj Jagmohansingh, refuse d'accepter que sa soeur n'est plus de ce monde.

Il raconte que Dhritee voulait devenir infirmière et avait commencé à suivre des cours à cet effet. «Elle avait déjà entamé sa première année dans une école et travaillait en parallèle dans une maison de retraite pour personnes âgées à Quatre-Bornes. Elle aimait aussi bien ses études que son travail. Jeudi, elle a téléphoné à notre mère dans la journée alors qu'elle était encore au travail. Elle a fait état de la maladie d'un résident dont elle s'occupait et a prévenu qu'elle finirait son service à 16 heures et qu'elle rentrerait directement à la maison par la suite.»

Vers 18 heures, il dit avoir reçu un appel du poste de police de Moka l'informant de l'accident et de la mort de sa soeur mais qu'il n'a pas voulu croire à cette mauvaise nouvelle. «Ma soeur avait le coeur sur la main. Elle aimait les animaux. Si elle voyait un chien ou un chat en détresse, elle pouvait les ramener à la maison. Elle était très populaire dans l'endroit. Perdre quelqu'une comme elle n'est pas facile.»

Anil Deena, le père de Manav, explique que son fils lui a menti. Manav lui a dit qu'il sortait avec un ami pour se rendre à Brisée-Verdière. «Il était apparemment question de mécanique. Je l'ai cru car il prenait des cours de mécanique à l'école SSR à Curepipe. Il avait réussi sa première année de cours et entamait sa deuxième année. Je m'apprêtais d'ailleurs à payer Rs 16, 000 pour ses cours en février. En parallèle, il effectuait un stage dans un atelier de mécanique à Caroline.»

(Manav (à g.) et son père étaient très complices.)

Manav Deena était un passionné de voitures. Il avait d'ailleurs demandé à son père de ne pas vendre la sienne car il avait l'intention de la modifier. «Je lui avais dit que cela ne m'aurait pas dérangé de lui donner ma voiture mais qu'il fallait qu'il obtienne sa licence de voiture au préalable.»

Il ajoute que son fils suivait ses traces en matière de sport. «J'ai fait du kick-boxing mais lui a choisi le bodybuilding. L'année dernière, il a participé au concours Mr Mauritius Body Building et a pris la deuxième place dans la catégorie des 40 kilos. Je l'ai toujours encouragé à se dépasser dans la vie. Je ne comprends pas pourquoi il m'a menti. Sur la base d'un simple mensonge, voilà que je perds mon fils. S'il m'avait dit qu'il allait voir sa copine, je ne l'aurais pas empêché de le faire mais je me serais assis avec lui pour en savoir plus sur cette jeune fille, sur leur relation et sur leur destination.»

C'est en père meurtri qui tient à faire passer ce message aux jeunes. «Peu importe où vous vous rendez avec des amis ou avec votre petite amie, dites la vérité à vos parents et informez-les toujours de votre destination.»

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