Sénégal: Lundi de tous les dangers après l'annonce du report de la présidentielle

Manifestations au Sénégal (archive)
4 Février 2024

La tension est montée au Sénégal, 24 heures après l'annonce officielle du report de la présidentielle du 25 Février 2024, par Macky Sall, le samedi 03 février. Dans l'après-midi de ce dimanche 04 février, des échauffourées ont été enregistrés à des points chauds de Dakar entre militants de l'opposition et   des forces de l'ordre.

A travers les réseaux sociaux et la presse sénégalaise, on apprend l'arrestation de leaders politiques comme l'ex-Premier ministre Aminata Touré et des candidats à la présidentielle comme Anta Babacar Ngom et le Dr Daouda Ndiaye.

La situation pourrait se dégrader ce lundi 05 Février au niveau de l'Assemblée nationale où les députés devraient légiférer sur la proposition des élus libéraux pour « le report de la présidentielle en aout 2024 », donc d'ici six mois.

Sur ce point, le député de l'ex-Pastef, Ayib Dafé alertait, en début d'après-midi, sur une volonté inavouée de ses homologues de la mouvance présidentielle qui travaillent pour un report de 12 mois.

C'est par la suite que Amadou Ba, mandataire du candidat Bassirou Diomaye Faye, avise que l'amendement de prolonger le report de l'élection présidentielle et le mandat de Macky Sall de 12 mois été abandonné et le report reste de six mois. « 6 mois de plus pour Macky. 6 mois de trop pour le peuple », clame ce cadre du camp de Ousmane Sonko qui mobilise pour le respect du calendrier républicain.

Comme à l'accoutumé, la presse sénégalaise aussi n'a pas été épargnée. Dans la foulée des affrontements de ce dimanche, la chaine de télévision privée Walfadjri qui retransmettait en direct les manifestations a vu son signal coupé et sa licence définitivement retirée.

Sur le terrain des opérations, des reporters ont également été tabassés avant d'être arrêtés. Ce qui a soulevé l'ire des organisations de défense des journalistes comme la Coordination des associations de la presse (Cap), la Convention des jeunes reporters du Sénégal (Cjrs), Reporters Sans Frontières, entre autres, qui demandent le respect de la liberté d'expression.

Les appels à la mobilisation se multiplient

Ce lundi 5 février s'annonce très chargé pour la population sénégalaise. Les députés sont convoqués en séance plénière à 11 heures à l'Assemblée nationale.

L'ordre du jour porte sur l'examen de la proposition de loi constitutionnelle n°04/2024 portant dérogation aux dispositions de l'article 31 de la Constitution de la République du Sénégal.

La résolution redoutée de session soulève des vagues au sein de l'opposition et la société civile sénégalaise. Les appels à la mobilisation se sont multipliés dans la soirée.

C'est à l'image de la Coalition Taxawu Sénégal du candidat Khalifa Sall qui donne rendez-vous à tous les militants devant les grilles de l'Assemblée Nationale pour barrer la route à « cette forfaiture ».  D'ailleurs, cette coalition appelle ses députés à voter non à la proposition de loi portant report de l'élection.

En conférence de presse ce dimanche soir, Khalifa Sall invite le peuple à se mobiliser massivement devant l'hémicycle « pour un 23 juin bis ».

Dans la même foulée, les députés de cette coalition de l'opposition annoncent des recours devant le Conseil constitutionnel pour annuler le décret de Macky Sall visant à annuler la tenue de l'élection présidentielle prévue pour le 25 février 2024.

La réaction de la communauté internationale

Ce report de la présidentielle sénégalaise a suscité la réaction de la communauté internationale et les partenaires bilatéraux du Sénégal.

La Cédéao, dans une déclaration datée du samedi 03 février 2024, exprime sa préoccupation avant d'appeler les autorités compétentes à accélérer les différents processus en vue de fixer une nouvelle date pour les élections.

Même son de cloche pour les Etats-Unis qui regrettent les perturbations du calendrier électoral qui résultent de la décision de reporter la présidentielle.

Par la même occasion, le pays de l'Oncle Sam demande à tous les participants au processus électoral sénégalais d'œuvrer pacifiquement et harmonieusement à la tenue d'élections libres et équitables dans les délais impartis. « Nous notons et respectons également le fait que le président Sall ait réitéré sa décision de ne pas se représenter à l'élection », lit-on dans une note rendue publique.

L'Union européenne est également montée au créneau. A travers son porte-parole, Mme Nabila Massrali, la représentation européenne dans la capitale sénégalaise a exprimé dimanche son soutien à la position de la Cédéao, soulignant l'importance de travailler tous ensemble pour assurer la tenue d'une « élection transparente, inclusive et crédible » dans les plus brefs délais.

Pour elle, l'objectif est de maintenir la tradition de stabilité et de démocratie qui caractérise le Sénégal, dans le respect de l'État de droit.

L'Union européenne, par la voix de Mme Massrali appelle à la tenue d'élections « dans les meilleurs délais » pour sortir le pays de cette incertitude.

Ainsi, la communauté internationale met l'accent sur la nécessité d'asseoir un climat apaisé pour permettre l'organisation d'un scrutin démocratique, reflétant la volonté du peuple sénégalais.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.