Tunisie: La centrale syndicale appelle les pensionnaires à manifester - Mécontentement à l'égard de la dégradation de la situation sociale des retraités

4 Février 2024

Le secrétaire général adjoint de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) chargé de la sécurité sociale et du secteur non structuré Othmane Jallouli, a appelé les retraités à se joindre à une manifestation de protestation mercredi prochain, 14 février, à l'avenue principale de la capitale.

Dans un communiqué publié à cet effet le 1er février, le secrétaire général a mis en cause la détérioration du pouvoir d'achat des retraités, l'augmentation des frais de santé, la pénurie de médicaments qui touche les maladies chroniques et la tendance haussière de l'inflation qui a absorbé les toutes récentes augmentations relatives aux pensions pour les affiliés de la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (Cnrps). «L'augmentation du salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) est aussi un droit que les pensionnaires relevant de la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) doivent revendiquer», note la même source.

La centrale syndicale veut l'annulation de la loi n°43 datant de 2007

La centrale syndicale a invité les retraités de la Cnrps à manifester pour l'annulation de la loi n°43 datant de 2007 modifiant et complétant les lois réprimant les pensions servies au titre des régimes de retraite, d'invalidité et de survivants dans les secteurs public et privé et des régimes spéciaux qualifié d'épée de Damoclès au-dessus de le tête de tous les pensionnaires et qui n'existe nulle part dans les législations des autres pays. Elle a par la même occasion appelé à faire bénéficier les pensionnaires des augmentations salariales décidées au même titre que les fonctionnaires actifs sans accuser de retard à cet effet, et a pointé les services actuels de la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam).

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Les actifs d'aujourd'hui sont les retraités de demain, rappelle encore la centrale syndicale dans son communiqué publié quelques jours après la panoplie de mesures annoncées par le ministre des Affaires sociales Malek Zahi visant à rétablir le rôle social de l'Etat, dont la majoration du plafond annuel des montants des prestations de santé externes prises en charge dans le cadre du régime de base d'assurance maladie au titre du régime privé de soins ou du régime de restitution des dépenses, ainsi que l'augmentation des prêts sociaux accordés par la Cnrps. Les affiliés de la Cnss et les pensionnaires ne pourront pas, pour le moment, profiter de ces crédits. Une nouvelle amnistie sociale a été, soulignons-le, décrétée pour le paiement des amendes de retard contre les débiteurs de la Cnss à partir du mois de mars prochain.

Le nombre de retraités en nette augmentation

La situation des pensionnaires a été impactée par la grande crise économique que traverse encore le pays au point que la majorité est acculée aujourd'hui à se procurer du travail pour arriver à joindre les deux bouts. Avec la nouvelle tendance démographique dans notre pays marquée par un rapide vieillissement de la population, leur nombre est en nette croissance, estime Hassen Kassar, chercheur et professeur de démographie et sciences sociales à l'Université de Tunis et auteur de plusieurs études sur la question démographique. Selon lui «notre population est en train de vieillir à un rythme rapide à l'avenir avec de profondes mutations. Les services sanitaires doivent être en phase avec ces changements».

Selon une étude élaborée en 2019 par l'Institut tunisien des études stratégiques (Ites) relevant de la présidence de la République, la proportion des retraités parmi la population âgée tunisienne affiche une courbe ascendante, faisant passer l'effectif des retraités de 581. 920 en 2014, à 1 .244 .559 en 2024.

En avril 2019, l'ARP, rappelons-le, avait adopté la loi n° 2019-37 relative au régime des pensions civiles et militaires de retraite et des survivants dans le secteur public.

L'augmentation de l'âge de départ à la retraite des employés dans la fonction publique de 60 à 62 ans (de 55 à 57 pour les agents exerçant des fonctions astreignantes) est entrée en vigueur à partir de 2020.

Un projet de loi stipulant le recul volontaire de l'âge de départ à la retraite de deux ans supplémentaires, soit de 60 à 62 ans dans le secteur privé, sera soumis au gouvernement selon une récente déclaration du ministre des Affaires sociales, Malek Ezzahi.

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