Thiès — La technique agricole du microdosage, expérimentée en 2023 dans le bassin arachidier et la zone des Niayes, a été une « réussite totale », ont témoigné des responsables agricoles de ces régions.
Le microdosage est une technique consistant à mettre, au moment du semis, de petites quantités (doses) d'engrais minéraux appropriés dans les trous de semis d'une culture, communément appelé poquets. Cette technique remplace la pratique de l'épandage - application de l'engrais à la volée ou en lignes.
Le microdosage a été mis au point dans le cadre du le projet Feed the Future Sénégal Dundël Suuf, une initiative tri-annuelle (2019-2022) financé par l'Agence Internationale des Etats Unis pour le Développement (USAID).
Feed the Future Sénégal Dundël Suuf, a été mis en oeuvre par le Centre International pour le développement des engrais (International Fertilizer Development Center (IFDC) et exécuté en partenariat avec le ministère en charge de ce secteur au Sénégal.
Il vise à rendre plus disponibles de nouveaux engrais, pour améliorer la fertilité des sols, dans les zones agroécologiques de la vallée du fleuve Sénégal, les Niayes, le Bassin arachidier, la Casamance et le Sénégal Oriental.
Après une année d'expérimentation, en 2023, les directions régionales du développement rural, des producteurs, entre autres, se sont retrouvés à Thiès, pour évaluer le projet et en identifier les contraintes.
« Il y a une augmentation de 30 à 40% sur les rendements », a dit Souleymane Diop, jugeant ce résultat « remarquable ».
Ces performances ont permis à certains agriculteurs de diversifier leurs activités agricoles, notamment en acquérant du bétail pour pratiquer l'élevage intensif.
Après avoir été élaborée par des techniciens et testée par des producteurs, la technique est entrée dans sa phase de diffusion, selon ces responsables agricoles.
Cette technique a comme atout d'augmenter les rendements et d'améliorer la fertilité des sols, a-t-il dit.
« C'est une approche louable mais qui a ses contraintes, telles que l'applicabilité », a dit M. Diop, en notant que des recommandations ont été faites dans le sens de faire en sorte que l'ensemble des intrants soient sur place, avant le démarrage des cultures et que le niveau de pratique de cette technologie soit amélioré, notamment par la mécanisation.
Pour Moussa Diagne, chef de la division production végétale de la DRDR de Diourbel et point focal de l'IFDC dans ledit service, cet essai est « une réussite totale ».
Le cumul fait état de plus de 2.000 producteurs qui ont déjà utilisé cette technique à Mbacké, Bambey et Diourbel, durant la phase de diffusion actuelle.
Dundal Suuf intervient, pour le moment, dans huit régions du pays, et devrait « faire tache d'huile », d'autant plus que les producteurs ne sont intéressés que par « ce qui marche », a dit M. Diagne.
« On peut s'attendre à ce que d'ici à deux à trois ans, l'essentiel des producteurs utilisent cette technique », a-t-il noté.
Avec la diffusion de la microdose, à travers des manuels de vulgarisation, des émissions radio et toute la publicité prévue sur l'application de cette technologie, il y a de bonnes raisons de croire que la plupart des producteurs finiront par l'adopter.
La microdose est « beaucoup plus économique », a-t-il relevé ajoutant, par exemple, que « là où tu utilisais trois sacs d'engrais sur un hectare, il faut utiliser 38 kilogrammes d'engrais » pour le mil.
Ce qui en fait une technique « économiquement plus viable et plus intéressante du point de vue agronomique ».
Nogoye Ndiaye, coordinatrice du projet Dundal Suuf dans la zone des Niayes et le Bassin arachidier, a exprimé sa satisfaction par rapport aux témoignages positifs sur cette technique mise en place depuis 2019.
Concernant la pénibilité de l'application de cette technique, soulevée depuis trois ans, elle note que le projet a fait « d'énormes progrès », en la jugulant, et a même commandé un prototype de machine auprès d'une entreprise.
Ce prototype sera présenté aux producteurs.
Selon Malick Ndiaye, du Centre national de recherche agricole (CNRA) de Bambèye, une structure rattachée à l'ISRA, Institut sénégalais de recherches agricoles, des chercheurs avaient commencé depuis l'année dernière, à travailler à une cartographie des sols au Sénégal, à l'issue de laquelle des formules ont été élaborées, sur la base des carences en nutriments des sols, selon les zones agroécologiques du pays.
« Depuis des années, il n'y avait que des formules passepartout. On a pensé avec l'IFDC Dundal Suuf, mettre en place des formules adaptées à l'ensemble des zones agroécologiques ».
Pour l'arachide, la nouvelle formule est enrichie au soufre, à l'issue de deux années d'expérience.
A la place du 15-10-10, un engrais qui avait moins d'azote, il a été décidé de l'enrichir. Cela a permis une augmentation de « plus de 20% » par rapport à l'ancienne formule.