Ile Maurice: Difficile choix entre protéger son bébé et sécuriser son emploi

«Tous les local leave et congés de maladie finiront par être utilisés en début d'année en raison des fortes pluies. Nous devons trouver un système approprié face aux effets du changement climatique qui rendent trop fréquents les forts taux d'humidité, les fortes pluies et les inondations afin de ne pas avoir à choisir entre la sécurité de notre bébé et notre sécurité d'emploi.» Récits de plusieurs parents, en particulier des mamans salariés, qui ont été confrontés au dilemme de laisser leur bébé à la maison pour aller travailler à chaque annonce de fortes pluies depuis le début de l'année, les crèches étant fermées.

Ridwan et son épouse, tous deux professionnels de santé publique et parents de deux nourrissons, confient qu'ils éprouvent un certain soulagement en se tournant vers les aînés de la famille dans de tels moments, car le couple est au travail même en cas de pluies torrentielles et d'alertes cycloniques 3 ou 4. «Les pluies et les inondations étant fréquentes en cette période, nous avons la chance, lorsque la crèche est fermée, que nos parents, même s'ils sont âgés, possèdent suffisamment de force physique pour s'occuper de nos bébés.

Bien qu'une dame vienne s'occuper de nos enfants pendant la journée contre une rémunération mensuelle pour que la charge ne repose pas entièrement sur nos parents, en cas de fortes pluies, les enfants de cette dame sont à la maison car les écoles sont fermées (...) Alors, si elle doit venir, nous devons nous assurer qu'elle est en sécurité. Nous ne pouvons pas aller la récupérer, l'amener chez nous et la ramener à nouveau en voiture, car nous travaillons nous-mêmes pendant ces périodes. En fin de compte, la responsabilité incombe aux grands-parents de la maison et, à une époque où la plupart des couples préfèrent vivre séparément des grands-parents, ce sont ces situations qui nous font prendre conscience de l'importance d'un système de soutien fiable au sein de la famille», explique Ridwan.

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Mais chaque couple ne bénéficie pas d'un tel soutien familial. Confrontées au dilemme de s'occuper de leur bébé tout en respectant leurs engagements professionnels pour pouvoir percevoir un salaire, plusieurs mamans, en particulier celles du secteur privé, se sont même exprimées sur les réseaux sociaux pour faire part de leur expérience. «J'ai été obligée de prendre des congés chaque semaine et rester à la maison parce qu'il n'y avait personne pour s'occuper de mon bébé, les crèches étant fermées.

Mes beaux-parents sont décédés et il est presque impossible de trouver quelqu'un d'autre, un proche ou un voisin, pour s'occuper de mon enfant par un temps pareil, car les écoles sont fermées et, étant eux-mêmes parents, leurs enfants sont aussi à la maison. Ils jonglent entre le travail et la famille. Cette saison dure jusqu'au mois de mars et nous avons une année entière devant nous pour avoir besoin d'un local leave ou d'un congé de maladie. C'est un vrai bouleversement», relate Natasha (prénom fictif). Entre les pluies et les alertes cycloniques, l'une des principales contraintes a été de se lever chaque jour à 4 heures du matin pour prendre connaissance des communiqués de la météo et du ministère sur l'ouverture ou la fermeture des crèches, afin de savoir si elle doit aller travailler ou prendre un congé d'urgence pour s'occuper de son bébé, dit-elle.

Flou autour des normes et conditions de travail

Par ailleurs, le flou persiste sur les conditions d'ouverture des crèches, ce qui sème la confusion chez nombre de parents, souligne Ridwan. «Par exemple, en cas d'alerte cyclonique 1 ou 2 ou de fortes pluies, les crèches sont censées être ouvertes, car les parents sont censés aller travailler normalement. En revanche, il est question qu'en raison d'infrastructures incorrectes de drains et de travaux de bétonnage partout, en sus du changement climatique, les inondations soient plus fréquentes et se produisent presque partout dans le pays. Dans ce cas, si les crèches sont inondées, comment le personnel pourra-t-il s'occuper des enfants et veiller à sa propre sécurité ?»

Face à la complexité des conditions météo extrêmes, la question des responsabilités du service météo et du National Emergency Operations Command (NEOC) dans la prise et la communication de décisions adéquates en temps utile revient sur le tapis. Nos interlocuteurs estiment que «des scénarios extrêmes semblent perdurer. D'une part, nous avons des jours où, en raison d'une alerte de fortes pluies, les crèches sont fermées, alors que le temps est ensoleillé et que les parents ont dû faire appel à des membres de leur famille pour s'occuper de leur bébé ou prendre un congé. D'autre part, le 15 janvier, ils ont maintenu une alerte cyclonique 1 disant que tout allait bien, mais ils ont exceptionnellement fermé les crèches, tout en obligeant les parents à aller travailler, pour nous relâcher trois heures plus tard avant d'émettre une alerte 3. Ironiquement, on est reconnaissant que ce jour-là, les crèches étaient fermées. Imaginez des parents pris au piège des inondations, luttant pour leur survie et s'inquiétant de savoir si leurs bébés sont en sécurité (...) Il revient au service météo et au NEOC de prendre et de communiquer des décisions rapides, au lieu de stresser les parents et de rejeter la faute l'un sur l'autre.»

M. N, jeune professionnelle travaillant dans une entreprise privée à Moka, explique que «si l'idée de mettre en place une garderie dans une entreprise comptant plus de 250 employés a été formulée dans le Budget 2023-24 et approuvée dans le Finance Bill, son application peut s'avérer très difficile (...) Au sein de l'entreprise où je travaille, avant même que cette mesure ne soit formulée, une garderie a été ouverte selon les réglementations gouvernementales et les parents peuvent y amener leurs enfants à la journée moyennant un paiement mensuel à prix avantageux. En temps normal, cela aide vraiment les employés à établir un meilleur équilibre entre leur rôle de parent et leur métier. Cependant, comme la crèche doit être enregistrée auprès du ministère pour fonctionner dans la légalité et la transparence, lorsqu'il y a un avis de fermeture des crèches en cas d'intempéries, la crèche de notre entreprise est également fermée, alors que nous en avons le plus besoin pour opérer. Sur le plan de la sécurité, c'est la bonne décision, car les bébés sont sains et saufs à la maison. Mais alors que les fonctionnaires peuvent obtenir un jour de congé du ministère de la Fonction publique, pour les employés du secteur privé, on nous prie simplement de privilégier le travail à domicile en l'absence d'une directive nationale concernant notre sécurité. Une de mes collègues, qui avait l'habitude d'amener son bébé à la crèche de l'entreprise après son congé de maternité, a dû prendre plusieurs congés d'urgence en janvier parce qu'elle ne peut pas travailler à la maison avec un bébé et qu'elle ne peut pas non plus laisser son bébé seul pour venir à Moka...»

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