Le scrutin qui se déroulait ce dimanche 4 février vise - au terme d'un processus long et complexe à base de scrutin direct, indirect et tirage au sort - à désigner les membres de la seconde chambre de l'Assemblée. Le premier tour avait attiré 11,66% des votants en décembre dernier. Le second ne semble pas avoir fait se déplacer davantage les foules.
En ce dimanche matin ensoleillé, les terrasses de café de Bhar Lazreg, quartier déshérité de Tunis, font le plein. Le bureau de vote beaucoup moins. « Nous, les organisateurs, on est là depuis 8h du matin. Bon, l'affluence est encore très modeste à ce stade. Il n'y a pas foule », observe Jaafar Mannaï, responsable du bureau de vote de Bhar Lazreg.
Zakia, 56 ans, sort tout juste de l'isoloir, avec un sourire aussi grand que sa désillusion. « On espère que les élus arriveront à réaliser un petit quelque chose. Maintenant, la réalité, c'est que les finances du pays sont mauvaises. Ce n'est pas la joie. S'ils arrivent au moins à faire en sorte de réparer les routes dans le quartier, ça sera déjà ça. On ne demande plus grand-chose aujourd'hui, nous. On ne peut pas leur demander de lancer des projets vu la situation économique... »
En face du bureau de vote, un marché de vêtements d'occasion. Dans les allées, les clients abstentionnistes expliquent leur choix. « Je n'étais pas au courant et puis je travaille. Je suis assez occupée comme ça, voilà... », dit Leïla, 40 ans.
Tarek, 62 ans, se renseigne :
« C'est les élections municipales, je crois, aujourd'hui, c'est ça ?
- Non, locales.
- Locales, municipales, c'est pareil. J'en ai entendu parler à la radio, mais je ne sais rien à ce sujet. Ces élections n'ont aucune signification pour moi. Depuis 2011, rien n'a changé. »
Voulu par le président Kaïs Saïed, le Conseil des régions a vocation à concrétiser son projet de démocratie par la base. Une volonté affichée qui se heurte à la réalité du terrain, la majorité des pouvoirs étant aux mains du locataire de Carthage depuis sa prise des pleins pouvoirs en juillet 2021.