Le président de la République Macky Sall a annoncé le samedi 3 février dernier, veille du démarrage de la campagne électorale, sa décision d'abroger « le décret n° 2023-2283 du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral » qui annule l'élection présidentielle du 25 février prochain. Dans un discours à la nation, le chef de l'Etat a justifié cette décision très controversée et sans précédent dans l'histoire politique du Sénégal par un «différend entre l'Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, en conflit ouvert sur fond d'une supposée affaire de corruption de juges ».
Le président Macky Sall met fin au processus électoral en cours pour l'élection présidentielle du 25 février prochain. Dans un discours à la nation prononcé le samedi 3 février dernier, veille du démarrage de la campagne électorale, le chef de l'Etat a en effet annoncé sa décision historique d'abroger « le décret n° 2023-2283 du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral ». Autrement dit, il annule sine die la 13e élection présidentielle de l'histoire politique du Sénégal qui devait se tenir dans trois semaines. Pour justifier cette décision très controversée et sans précédent dans l'histoire politique du Sénégal du fait qu'il sort hors cadre des dispositions prévues par la Constitution du Sénégal, Macky Sall a évoqué un «différend entre l'Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, en conflit ouvert sur fond d'une supposée affaire de corruption de juges ».
« L'Assemblée, se fondant sur ses prérogatives, a décidé, par Résolution en date du 31 janvier 2024, de mettre en place une Commission d'enquête parlementaire pour éclairer sur le processus de vérification des candidatures et sur tout autre fait se rapportant à l'élection », a-t-il rappelé avant d'ajouter. « Dans son communiqué du 29 janvier 2024 signé par tous ses membres, le Conseil constitutionnel a réfuté les allégations portées contre lui, tout en prenant la mesure de la gravité des accusations, et en tenant à ce que toute la lumière soit faite dans le respect des procédures constitutionnelles et légales régissant les relations entre les institutions, notamment la séparation des pouvoirs et le statut de ses membres ».
Poursuivant son propos, le chef de l'Etat a souligné que « cette situation suffisamment grave et confuse, est venue s'ajouter la polémique sur une candidate dont la bi-nationalité a été découverte après la publication de la liste définitive des candidats par le Conseil constitutionnel ; ce qui constitue une violation de l'article 28 de la Constitution qui dispose que « tout candidat à la Présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise ».
Sous ce rapport, il a fait remarquer que « ces conditions troubles pourraient gravement nuire à la crédibilité du scrutin en installant les germes d'un contentieux pré et postélectoral. Alors qu'il porte encore les stigmates des violentes manifestations de mars 2021 et de juin 2023, notre pays ne peut pas se permettre une nouvelle crise ». Le président Sall affirme que « compte tenu des délibérations en cours à l'Assemblée nationale réunie en procédure d'urgence, et sans préjuger du vote des députés, j'ai signé le décret n° 2024-106 du 3 février 2024 abrogeant le décret n° 2023-2283 du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral ». Loin de s'en tenir-là, le chef de l'Etat tout en réaffirmant que « mon engagement solennel à ne pas me présenter à l'élection présidentielle reste inchangé » a annoncé dans la foulée que « j'engagerai un dialogue national ouvert, afin de réunir les conditions d'une élection libre, transparente et inclusive dans un Sénégal apaisé et réconcilié ».