Madagascar: Water Front avec vue sur le large

Votre quotidien a relaté cette semaine la présence de jeunes faisant la queue dès l'aube pour présenter leur CV pour un offre d'emploi émanant d'une entreprise de l'Île Maurice.

Le fait n'est pas inhabituel, une précédente chronique « Parents, tes enfants foutent le camp » y faisait allusion. La situation économique et sociale du pays étant ce qu'elle est, et avec le chômage et le manque de perspective au pays comme corollaires. Les jeunes et même des quadras cherchent à tout prix la voie de partir comme unique issue. Et les voilà, à la recherche de la moindre opportunité d'emploi. Mais déjà, bon nombre de ces annonces de recrutement sont bien trop sommaires quand on sait que ces dernières reflètent la Gestion des Ressources Humaines (GRH) voire la gestion tout court de l'entreprise.

Ces annonces voulant pourvoir pêle-mêle des postes allant de plombier ou handyman au responsable de magasin laissent déjà prévoir un manque de rigueur dans le système de recrutement et en plus aucune information n'est donnée sur l'entreprise sinon son lieu d'implantation car c'est ce qui importe le plus les cibles. Il fut un temps où les offres d'emploi devaient être visées par le bureau de placement du ministère du Travail pour pallier justement à de mauvaises surprises et que les cocontractants soient soumis aux lois en vigueur. C'est que pour ces jeunes « qu'importe le vin pourvu qu'on ait l'ivresse » pour eux l'essentiel est de partir.

%

Quand nos bien-pensants parlent de fuite de cerveaux ils ont raison. Combien d'enseignants, d'ingénieurs et d'ouvriers spécialisés laissons-nous s'en aller quand nous avons peiné pour les former tant avec l'argent public qu'avec les sacrifices des parents. Mais de tous ces coûts ou investissements à fonds perdus tout le monde semble n'en a cure, les Mauriciens, les Seychellois ou les Européens, par contre, vont les cueillir comme des fruits mûrs sans avoir eu à dépenser un seul de leur sou pour en bénéficier.

Pendant ce temps, les bancs et les enseignants font cruellement défaut pour nos apprenants qui ne seront malheureusement que de piètres exécutants. « Si vous voulez détruire un pays, inutile de lui faire une guerre sanglante qui pourrait durer des décennies et coûter cher en vies humaines. Il suffit de détruire son système d'éducation et d'y généraliser la corruption. Ensuite, il faut attendre vingt ans et vous aurez un pays constitué d'ignorants et dirigé par des voleurs. Il vous sera très facile de les vaincre. » Disait un sage chinois. Il appartient à tout un chacun de constater ce que nous vivons.

Voir ces jeunes scruter l'avenir au-delà de Water Front qui n'a rien d'un front de mer est désolant, vous en conviendrez.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.