Afrique de l'Est: À Madagascar, des jeunes font du slam pour parler de politique et des sujets qui les touchent

L'Institut français de Madagascar accueillait ce 3 février 2024 à Antananarivo un atelier organisé par « Madagaslam », une association qui fédère la scène du slam à l'échelle nationale. L'occasion pour plusieurs jeunes poètes urbains de dire à voix haute ce qui est souvent tu ou murmuré. À commencer par leurs préoccupations politiques.

« Passez-moi le président de la République, Monsieur le président ... Il y'a trop de sacrifices pour sauver une vie. » Une fois sur scène, ils semblent presque intouchables. Pas de déguisement ni d'instruments pour accompagner ces slameurs. Seulement leurs mots et des messages sans détour à faire passer. « Tous les matins et tous les soirs, les politiques nous cassent la tête. S'ils savaient qu'on n'a pas besoin d'une feuille de route pour bien jouer au foot. »

Inégalités sociales, de genre, racisme, corruption, avec le verbe haut et incisif. Les poètes - âgés de 15 à 30 ans - dénoncent, s'insurgent, proposent des solutions.

« La jeunesse à Madagascar n'ose pas dire ce qu'elle veut dire »

Pour cette génération, le slam est devenu une sorte d'exutoire, assure Perf, animateur de l'atelier : « La jeunesse à Madagascar n'ose pas dire ce qu'elle veut dire. Ça les tue de l'intérieur. Le slam, c'est un bon moyen de faire comprendre aux dirigeants qu'on va mal. Même si c'est cru parfois, d'une manière poétique, c'est beaucoup plus beau à entendre. »

Au-delà d'un engagement politique, le slam, c'est aussi réussir à dire ses émotions les plus intimes. Idealy, 24 ans, sous les vifs encouragements du public, trouve, lui, le courage de parler d'amour : « On est au mois de février, y'a de l'amour dans l'air actuellement (rires). C'est vraiment très difficile de dire à quelqu'un que je l'aime. C'est pour ça que je l'ai écrit, c'est plus facile pour moi que de le dire en face. En plus, elle était là ... Alors ça rendait les choses encore plus dures. »

Depuis ses débuts il y a une quinzaine d'année, la scène slam n'a fait que gagner en popularité auprès des jeunes à Madagascar. Une bouffée d'air frais et une liberté de ton précieuse pour cette génération.

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