Ile Maurice: Pluies de critiques sur la gestion de l'épidémie de dengue

Plusieurs intervenants prennent actuellement la parole, en particulier sur la propagation rapide de l'épidémie de la dengue. D'anciens directeurs de la Santé, des membres de l'opposition et certains membres de la population plaident en faveur de mesures visant à garantir la sécurité de tous. Ceci est d'autant plus crucial que certaines régions sont plus fortement touchées par la transmission de cette maladie. Le ministère de la Santé entreprend des séances de fumigation dans les zones affectées.

La dengue suscite la méfiance, du moins selon les médecins. Un ancien directeur de la Santé exprime son inquiétude face à la propagation actuelle de cette épidémie sur l'île. Il souligne une série de lacunes, en commençant par un manque de leadership technique. Le département de Santé publique était traditionnellement dirigé par un médecin qualifié et expérimenté dans ce domaine. «En effet, c'était une exigence du Pay Research Bureau jusqu'à ce qu'elle soit modifiée par le gouvernement actuel. Sous ce gouvernement, le département est dirigé par un chirurgien, une première mondiale probablement, alors qu'auparavant, des directeurs de la Santé publique qualifiés et expérimentés en santé publique, tels que le Dr Mumbodt, le Dr Jaypul, ou encore le Dr Gujadhur occupaient ce poste.»

Il va même plus loin en affirmant que les responsabilités sont partagées entre les différents ministères. «Le pays est dans un état chaotique. Le ministère de l'Environnement ne fonctionne pas. Les terrains non exploités accumulent de l'eau et sont jonchés de déchets. Le ministère des Collectivités locales n'est pas en mesure de nettoyer correctement les villes et les villages.» Si cette situation persiste, les conséquences seront désastreuses car la prolifération des larves et des moustiques se poursuit. «Le ministère de la Santé a lui-même admis à la presse que l'indice des larves (indice de Breteau) cette année est deux fois plus élevé que l'année dernière. Il y a donc une reconnaissance de négligence à tous les niveaux.»

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Le pire est survenu à la fin de la semaine dernière avec le décès d'une quadragénaire. «Nous risquons de rendre la dengue endémique à Maurice avec toutes les conséquences sanitaires et économiques qui en découlent.» Que dire des campagnes nationales de nettoyage, surtout depuis le passage des tempêtes cycloniques de ces derniers temps ? «Existe-t-il des opérations de pulvérisation d'insecticides et de larvicides effectuées ? Faisons-nous suffisamment de campagnes de sensibilisation et d'éducation adéquate pour mieux comprendre cette maladie ? Autant de questions restent sans réponse», soutient l'ancien directeur de la Santé. Il va encore plus loin dans ses interrogations. «Étant donné que la dengue s'est déjà propagée dans de nombreuses parties du pays, faudrait-il mettre en place des mesures de confinement ? La priorité du gouvernement a clairement été ailleurs, comme toujours. La population peut juger où sont les priorités en cette année d'élections.»

Cette semaine, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, a mis en garde contre la propagation de la dengue, exacerbée par les conditions météorologiques actuelles. Il a lancé un appel à la population pour qu'elle prenne les mesures nécessaires. Le ministre a souligné l'importance du nettoyage des résidences et des zones publiques afin de prévenir la prolifération des moustiques, en éliminant les endroits susceptibles de retenir l'eau. Ceci est d'autant plus crucial après les récentes intempéries qui ont touché plusieurs zones. Il a également souligné que cette maladie peut entraîner des complications chez les personnes âgées, celles souffrant de comorbidités et les enfants. Les campagnes de pulvérisation et de fumigation se poursuivent en collaboration avec le département sanitaire du ministère. À samedi, le pays a recensé 173 cas actifs incluant 22 nouveaux cas.

Le tourisme menacé par les moustiques avance l'opposition

C'est la crainte exprimée par l'opposition : celle de voir les touristes éviter Maurice en raison du nombre élevé de cas de dengue. C'est ce qu'a déclaré Navin Ramgoolam lors d'une conférence de presse samedi à l'hôtel Labourdonnais. «C'est un grand danger pour le pays, surtout avec une gestion catastrophique. Ils (NdlR, le gouvernement) mettent notre pays en grand danger, surtout que nous sommes un pays touristique.» Il a ajouté que l'épidémie s'est propagée sur plusieurs régions. «Je connais des personnes dans la circonscription no 5 dont des membres de leur famille sont malades et ont été admis en clinique. Mais elles ne savent pas qu'il y a cette épidémie dans le pays. Et les malades ne savent pas quel traitement prendre.»

L'ancien Premier ministre a dit avoir quelques informations à la suite du décès de la femme, la semaine dernière, de la dengue. «Je pense qu'il y aura une enquête suite à ce décès. Je crois qu'il est temps d'embaucher un responsable de la Santé publique compétent. Il y a des gens qualifiés pour le faire.» Il se souvient avoir présidé plusieurs réunions sur la dengue lorsqu'il occupait le poste de Premier ministre. «La fumigation doit être bien réalisée. Nous avions employé des experts étrangers pour le faire. Il faut effectuer la fumigation deux heures après le coucher du soleil et deux heures avant le lever. Mais ce n'est pas ce que font ceux qui sont responsables de ce dossier. Il y a un manque de communication sur cette maladie.» Il espère que cette maladie ne prendra pas une forme endémique. Il a été soutenu dans ses propos par le leader de l'opposition, Xavier-Luc Duval.

De son côté, Linion Moris a envoyé une correspondance au ministre de la Santé pour lui demander de prendre toutes les précautions nécessaires pour protéger la population mauricienne. Les membres de ce parti se sont même rendus à Canal-Dayot pour constater la situation car ils se disent préoccupés par la prolifération de la dengue, en particulier dans cette région, surtout après les intempéries de ces derniers jours.

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