Les 26 et 27 janvier derniers, le coton et le textile burkinabè étaient à l'honneur à travers le Salon international du coton et du textile (SICOT) qui honorait le 3e rendez-vous de son histoire et cela, dans la ville de Koudougou qui fut autrefois la capitale du textile burkinabè.
Le chef de l'Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, en personne, a présidé l'évènement autour du thème suivant : « Transformation locale du coton : quels modèles d'industrialisation pour l'Afrique dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) » ? Et l'on comprend pourquoi le président de la Transition n'a pas voulu se faire conter l'évènement.
En effet, jusqu'à une époque récente, le coton était la principale richesse du Burkina Faso et les industries textiles constituaient le fleuron de l'économie nationale. La ville de Koudougou était le symbole de l'âge d'or de l'or blanc avec l'usine de transformation du coton en produits finis Faso Fani.
Mais depuis quelques années, les friches industrielles de la ville de la Cité du cavalier rouge constituent le symbole d'un certain déclin de la filière- coton. L'enjeu est donc de relancer cette filière qui est loin d'avoir livré tout son potentiel de développement au Burkina Faso.
Et pour cela, il faut relever le pari de la transformation locale de la production du coton burkinabè et surtout faire en sorte que les Burkinabè portent leur choix de consommation sur la production locale en termes de tenues vestimentaires.
Il faut baliser le terrain pour que l'essor de la filière-coton soit compatible avec les enjeux du développement durable
Si le gouvernement et les opérateurs économiques réussissent ce pari, il n'y a point de doute que l'économie burkinabè se doterait d'un second poumon sain en plus de celui de l'activité minière.
En effet, une revitalisation du secteur de la transformation du coton aura pour effet non seulement de créer de l'emploi dans les usines de filature et de confection des tissus mais aussi de fournir la matière première au vaste marché du Faso Danfani et au-delà de la coupe-couture et de la mode.
Mieux, une telle dynamique pourrait maintenir le monde rural qui compte près de 80% de la population du Burkina Faso au travail, tout en relevant le pouvoir d'achat et le niveau de vie des paysans.
La relance du secteur de la transformation locale du coton, permettra aussi à l'or blanc et au textile burkinabè d'aller à la conquête du marché sous-régional et international avec une plus grande value.
Et tout cela se solderait par une importante contribution du secteur au Trésor public en ce moment où le pays clame sa souveraineté et a besoin de beaucoup d'argent pour mener la lutte contre le terrorisme.
L'enjeu est donc de taille et c'est en cela qu'il faut saluer l'initiative du SICOT qui a le mérite d'alimenter la réflexion et de définir une feuille de route pour donner à l'or blanc, une nouvelle splendeur.
Cela dit, au même moment où l'on pense à redonner au coton et au textile burkinabè leurs lettres de noblesse, il faut baliser le terrain pour que l'essor de la filière-coton soit compatible avec les enjeux du développement durable.
L'on sait, en effet, que le coton comme spéculation agricole, est très gourmand en terres, en engrais et en pesticides. Et cela a un impact négatif sur l'environnement qui ne cesse de s'appauvrir du point de vue des sols, de la faune et de la flore.
D'où la nécessité de faire la promotion du coton biologique et surtout accompagner techniquement les « cotonculteurs » avec des nouvelles techniques agricoles. C'est à ce prix que le coton pourrait contribuer à transformer qualitativement le Burkina Faso.