Afrique: Soudan-Iran - Les deux chefs de la diplomatie annoncent la réouverture des ambassades en plein conflit soudanais

Le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir Abdollahian, a reçu son homologue soudanais Ali Al Sadiq Ali à Téhéran, ce lundi 5 février 2024. Les deux ministres des Affaires étrangères ont évoqué la réouverture de leurs ambassades respectives. Un rapprochement alors que l'armée soudanaise se cherche des alliés contre les paramilitaires avec lesquels elle est en guerre depuis le 15 avril 2023. Décryptage.

L'armée soudanaise continue de chercher des alliés dans la région. Il y a une semaine, le général Abdel Fattah al-Burhan a effectué une visite à Alger. Il a obtenu son appui face aux paramilitaires. Ces derniers, les Forces de soutien rapide (FSR), sont, de leur côté, aidés par plusieurs pays étrangers.

Ce 5 février 2024, c'était au tour d'Ali al-Sadiq Ali, le ministre soudanais des Affaires étrangères, de faire le déplacement à Téhéran où il a rencontré son homologue.

Il s'agit de la première visite d'un responsable soudanais depuis plus de sept ans en Iran. Les deux ministres ont annoncé la réouverture rapide des ambassades dans leurs deux pays.

Le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir Abdollahian, comme son homologue soudanais, s'est félicité de la réouverture prochaine de leurs ambassades respectives. Une mesure « importante », selon lui, et qui vise à développer les relations bilatérales.

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Pour sa part, le ministre soudanais des Affaires étrangères, Ali al-Sadiq Ali, a exprimé ses regrets quant à la rupture des relations en 2016. Il a souligné la ferme volonté de Khartoum de renforcer les liens avec Téhéran « dans divers domaines ».

Téhéran a promis d'élargir la coopération bilatérale et s'est montrée disponible pour partager son expertise dans différents domaines industriels, technologiques et médicaux.

Cette normalisation intervient dans le contexte du conflit armé entre les militaires et les paramilitaires soudanais qui a débuté le 15 avril 2023, ce qui lui procure une dimension supplémentaire. Des drones iraniens sont utilisés à Khartoum depuis le début de l'année et des munitions auraient été envoyées à l'armée soudanaise.

Cette normalisation avec l'ancien allié iranien inquiète cependant certains pays du golfe qui vivent ce rapprochement comme une menace. Selon plusieurs spécialistes, cela permet à Téhéran d'avoir accès à la mer Rouge, ce qui renforce la présence de l'Iran dans la région.

Des forces internationales comme la Chine, la Russie et les États-Unis, ou régionales comme la Turquie et les Émirats arabes unis, sont toutes en concurrence pour accéder à cette zone stratégique. Le Soudan possède 800 kilomètres de côtes sur la mer Rouge.

Soudan-Iran: des relations diplomatiques instables Les relations entre le Soudan et l'Iran étaient instables durant ces dernières décennies. Déjà, en 1985, leurs relations étaient très tendues. À l'époque, le président Jaafar al-Nimeiri avait accusé Téhéran de financer les frères musulmans pour le déstabiliser.

Mais l'arrivée au pouvoir, suite à un coup d'État en 1989 du président déchu Omar el-Béchir a réactivé ces relations. S'en est suivie une importante coopération économique et militaire qui a duré jusqu'à 2016, quand Khartoum a décidé de renvoyer les diplomates iraniens. Officiellement, le Soudan protestait contre l'assaut qui avait visé l'ambassade saoudienne à Téhéran mais en réalité elle était sous pression de Riyad. En octobre 2023, lors d'une rencontre en marge du sommet islamique à Riyad, les deux pays, motivés par une concordance d'intérêts, ont finalement décidé de rétablir leurs relations diplomatiques et leur coopération, après près de sept ans de rupture.

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