L'Afrique de l'ouest est-elle en train d'engager des mutations globales dictées par une conjoncture internationale fortement conflictogène ? C'est la question que se posent de nombreux observateurs de tous bords.
Il y a cependant une constante. Depuis l'avènement de la Covid 19 beaucoup d'experts et de Think- Tank avaient prédit des bouleversements politiques et économiques, qui pourraient être fatals aux régimes politiques, qui ne disposaient pas de ressorts institutionnels et démocratiques solides.
Les pays du sahel en tout cas ne semblent pas sortir de ces prévisions pessimistes pour le moment. Leurs peuples se remettent difficilement des contre-coups de la pandémie et doivent en même temps faire face à des crises alimentaires, auxquelles viennent s'ajouter les crises politiques, nées de Coups d'état militaires, avec leurs conséquences dramatiques, du fait des sanctions imposées par la CEDEAO.
Il faut dire que ces sanctions sont d'autant plus dures, qu'elles touchent un aspect aussi important pour la CEDEAO que la libre circulation des personnes et des biens, mais aussi excluent le Mali, le Burkina Faso et le Niger du bénéfice des dispositions prévues par la convention des Nations Unis relative au commerce de transit des états sans littoral.
La sortie récente de la CEDEAO de ces pays, qui ont constitué depuis l'Alliances des Etats du Sahel (AES), au-delà de l'acte symbolique, est l'aboutissement d'une dynamique qui porte la marque d'une certaine résilience.
Tous les engagements sur la transition vers un retour à l'ordre institutionnel qui ont été discutés avec la CEDEAO sont aujourd'hui renvoyés aux calendes grecques, preuve de l'inefficacité des sanctions « communautaires ».
Aujourd'hui, il y a des risques graves que ce pôle « souverainiste », constitué par les 3 juntes militaires qui bénéficient du soutien de la Russie, ne fasse des émules.
D'ailleurs, elles ne se font aucun complexe vis-à-vis des autres régimes civils de l'Afrique de l'ouest, mais aussi de la CEDEAO, portés qu'elles sont en triomphe par une jeunesse, qui scrute l'avenir avec anxiété et désespoir et qui représente près de75% de la population active.
Ainsi, dans une récente sortie, ces « bannis » ont interpellé la CEDEAO sur la situation socio politique au Sénégal, qui vient de connaitre ce que les observateurs appellent « un coup d'Etat institutionnelle ». Il ne s'agit ni plus, ni moins que de comparer l'acte pris par le président Macky Sall, pour abroger le décret de convocation du corps électoral à l'élection présidentielle à la date du 25 février 2024, et ensuite de demander à sa majorité à l'Assemblée de voter une loi constitutionnelle pour proroger son mandat jusqu'en Décembre 2024, contre l'avis/ décision du Conseil constitutionnel du 12 février 2016, qui consacre l'intangibilité du mandat du président de la République.
C'est vrai, le Sénégal engage un saut très risqué dans un vide institutionnel prévisible, qui peut faire le lit d'une changement anti constitutionnel qui viendrait s'ajouter à ce forcing du président Macky Sall, dont le mandat finit le 02 avril 2024. D'ici là tout peut arriver, car la tension est à son paroxysme dans un pays ou l'inflation est galopante et la sévérité de la pauvreté accrue.