Afrique: Le Kreol Morisien n'est pas au programme du Higher School Certificate cette année

Les élèves désirant suivre les cours de Kreol Morisien (KM) au niveau du Higher School Certificate devront faire preuve de patience car cette matière ne sera pas proposée cette année. La ministre de l'Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, a justifié cette décision par une pénurie de livres littéraires et de ressources humaines nécessaires. Cette information suscite des débats au sein du syndicat éducatif et du mouvement Affirmative Action (AFAC).

Fin du suspens : cette année, le KM ne sera pas intégré au programme du Higher School Certificate (HSC). Plusieurs personnes, dont des militants d'AFAC et l'évêque de Port-Louis, Mgr Jean Michaël Durhône, lors de la messe du 189e anniversaire de l'abolition de l'esclavage, le 1er février, ont plaidé en faveur de son introduction. Cependant, la ministre de l'Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, a souligné le manque de textes littéraires en KM ainsi que le déficit d'enseignants pour justifier sa décision.

Elle confirme ainsi ses déclarations antérieures à l'Assemblée nationale. Néanmoins, elle avait également mentionné qu'il était nécessaire d'attendre les résultats de la première cohorte ayant participé au National School Certificate (NSC) pour évaluer la situation. Malgré le taux de réussite élevé de cette première promotion en KM, soit 96,28 %, source de grande satisfaction pour les collégiens, l'annonce ministérielle indique qu'il faudra patienter encore un certain temps avant que la matière ne soit proposée au niveau du HSC.

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Au sein des collèges, il était déjà soupçonné que le KM ne ferait pas partie du programme du HSC en 2025. Arvind Bhojun, président de l'Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), souligne qu'aucun syllabus n'a circulé depuis le début de l'année pour cette matière. Il met également en évidence que la responsabilité de l'évaluation de ces collégiens revient au National Examination Board et non à Cambridge, qui prend en charge les examens du School Certificate (SC). Notre interlocuteur souligne que le certificat est délivré séparément de celui de Cambridge. Il rappelle que le KM a été lancé il y a trois ans et que de nombreux élèves ont pu obtenir un credit grâce à cette matière. Cependant, avec la nouvelle loi stipulant que si un enfant n'obtient pas de crédit dans un sujet au SC, il ne pourra le choisir en HSC et cela crée une situation compliquée. «Les élèves ayant obtenu leur crédit en KM pourraient se retrouver dans l'incapacité de poursuivre leurs études car cette matière n'est pas proposée au niveau du A-level et ils n'ont pas d'autres sujets pour continuer en Grade 12. En résumé, l'obtention de cinq crédits au SC ne garantit pas aux élèves la possibilité de passer en HSC car la situation est totalement chamboulée cette fois.»

Les responsables au ministère de l'Éducation auraient dû anticiper cette situation. «Actuellement, nous constatons que des élèves ayant obtenu quatre crédits peuvent poursuivre leurs études avec trois sujets principaux tandis que d'autres, malgré cinq crédits, se retrouvent finalement avec seulement deux sujets principaux. En somme, le débat sur l'obtention des cinq crédits au SC est relancé. L'absence du KM au HSC laissera les élèves livrés à eux-mêmes face à leur avenir.»

Le président de l'UPSEE souligne que pour compenser l'absence de cette matière, les élèves pourraient être contraints de choisir une matière qu'ils ne maîtrisent pas, compliquant ainsi leur parcours scolaire. Il pointe du doigt les autorités pour n'avoir pas pris les dispositions nécessaires et pour n'avoir pas informé le groupe de 2023 qu'il n'y aurait pas d'option en KM en 2024. Selon lui, ces jeunes auraient dû prendre une décision éclairée sur la poursuite de cette matière en 2023. Il souligne également le manque de transparence et de planification dans la manière dont les informations sont présentées à la population. Il se demande si telle est la réforme éducative que l'on souhaite instaurer.

«Grave discrimination»

«C'est une grande désolation et une grave discrimination», déclare le père Jean-Claude Véder, vicaire épiscopal dans le domaine de la formation et cofondateur d'AFAC. Il s'interroge sur le fait qu'un enfant ayant commencé l'étude du KM depuis les premières années, soit maintenant informé, après presque 11 ans, qu'il ne pourra pas poursuivre cette matière en Grade 12. «Je pense que le ministère avait amplement de temps pour se préparer et je vois cela comme un manque de professionnalisme et de planification. Cela semble vraiment préjudiciable à ces enfants», ajoute-t-il. Le père Véder indique qu'il connaît au moins 15 élèves qui ont obtenu leurs cinq crédits, y compris en KM, et qui souhaitaient poursuivre dans cette voie. «En tout cas, nous allons continuer à militer, et je parle également au nom de l'éducation catholique. Comme l'a déclaré Mgr Durhône, le 1eᣴ février, le KM doit trouver sa place au HSC.»

Selon lui, le manque de matériel scolaire ou de personnel est un «faux problème». Il affirme qu'il existe des enseignants qualifiés pour enseigner le KM. «Le ministère avance des raisons infondées. Nous venons de perdre une grande figure de la littérature créole mauricienne, Dev Virahsawmy, qui a laissé de nombreuses oeuvres à l'Institut Cardinal Jean Margéot. Il avait même parlé au Premier ministre pour dire qu'il laissait toutes ses oeuvres en patrimoine. Il y a aussi d'autres auteurs dont les oeuvres pourraient être étudiées...» En tout cas, le débat sur l'introduction du KM au HSC est relancé...

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