Le premier ministre sénégalais Amadou Ba a présidé, au nom du président de la République Macky Sall, la cérémonie d'ouverture de la conférence internationale sur le climat , organisée ce mardi 06 février à Diamniadio par la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (Bceao).
Le chef du gouvernement sénégalais a, avant tout, félicité le gouverneur de la Bceao pour avoir pris l'initiative d'organiser cette rencontre de haut niveau à Dakar sur « le rôle des banques centrales face aux défis du changement climatique ».
Il a rappelé qu'à la dernière grande rencontre de la Cop 28 tenue en décembre 2023 de Dubaï, « les scientifiques ont relevé que l'Afrique contribue pour moins de 5% aux Émissions mondiales de gaz à effet de serre ».
Pourtant, a-t-il souligné, le continent africain « serait le plus affecté sur les conséquences néfastes du changement climatique, en particulier à travers les impacts de la matérialisation des risques physiques liés aux inondations, à la sécheresse et à l'augmentation des vagues de chaleur ».
A l'instar des autres pays africains, Amadou Ba a relevé que les pays membres de l'Uemoa ne sont pas à l'abri de ces effets. En effet, ajoute-t-il, l'Agriculture qui emploie plus de 40 % de la main d'oeuvre et contribue à 26 % du Produit intérieur brut (Pib), demeure un secteur particulièrement exposé.
Citant une étude de la Banque mondiale, Il a indiqué que l'Uemoa subirait, en moyenne, 1 milliard de dollar de pertes par an sur la production de ses cultures vivrières les plus importantes dues aux sécheresses. A l'en croire, les industries et services sont également exposés à des pertes notables en zones urbaines inondables. Dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, le premier ministre a rappelé que le Sénégal a mené beaucoup d'actions.
En ce sens, il a soutenu que la Contribution déterminée au niveau nationale (Cdn) établie conformément aux accords de Paris « traduit notre engagement soutenu à inscrire le pays dans une trajectoire de croissance verte en assurant la résilience de l'économie, des communautés, des infrastructures et des villes ».
Pour lui, il s'agit d'un plan d'actions fort qui s'inscrit dans le cadre de la vision prospective du Plan Sénégal émergent (Pse). A ce jour, il a fait valoir que diverses réalisations sont à l'actif de ce plan d'actions parmi lesquelles il a cité, en particulier, « deux projets sobres en carbone et résilients au changement climatique : la ligne du Train express régional (Ter) et le système urbain de Bus rapid transit (Brt) totalement électrique ».
Les actions du Sénégal contre le changement climatique ne s'arrêtent pas là. En effet, dans le même esprit, M. Ba a confié que le « pays a signé en juin 2023 un partenariat pour une transition énergétique juste (Jetp) dont l'ambition est de porter la part des énergies renouvelables, dans le mix énergétique, de 31% à 40% d'ici 2030 ».
Le Sénégal s'est également engagé à travers un reboisement massif dans le cadre de la mise de la grande muraille verte de la bande Sahel sahélienne.
Orienter des ressources prévues pour le remboursement de la dette vers le financement de l'action climatique
Par ailleurs, Amadou Ba a souligné que dans le cadre du partenariat pour une transition énergétique juste (Jetp) , « le Sénégal étudie, avec le Fonds monétaire international (Fmi), les partenaires et le centre mondial pour l'adaptation, la possibilité d'orienter des ressources prévues pour le remboursement de la dette vers le financement de l'action climatique ».
« Je voudrais rappeler l'importance de mener des actions urgentes et coordonnées sur la question du changement climatique. En effet, les dommages causés par le changement climatique ont des effets économiques substantiels en particulier pour les pays les plus vulnérables en Afrique », a-t-il dit.
Les coûts pour atténuer les effets du changement climatique sont considérables, a-t-il soutenu. Avant d'ajouter que selon la Banque africaine de développement (Bad), les besoins de la mise en oeuvre du programme d'actions sur le climat en Afrique ont été évalués entre 1300 et 1600 milliards de dollars sur la période 2020-2030.
« (...) les engagements pris par la plupart des partenaires extérieurs ne sont pas concrétisés. »
Pour Amadou Ba, les partenaires financiers de l'Afrique ont pris des engagements financiers à hauteur de 100 milliards de dollars par an pour accompagner le processus de transition. Toutefois, a-t-il regretté, « force est de constater que les engagements pris par la plupart des partenaires extérieurs ne sont pas concrétisés ».
Ces ressources sont pourtant nécessaires pour financer les actions à entreprendre dans le cadre du changement climatique, fait-il savoir. Car, « les Etats africains, à l'instar de leurs pairs à l'échelle mondiale, ont pris plusieurs engagements consignés dans leurs plans d'actions visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à s'adapter aux effilées du changement climatique ».
Dans le même sillage, il a déclaré que le processus en cours de mise en oeuvre de ces engagements doit prendre en compte les disparités entre les Nations, notamment, en termes de responsabilités dans les émissions de gaz à effet de serre. En effet, a-t-il confié, « nous devons veiller à concilier les impératifs liés aux objectifs de neutralité carbone avec le droit au développement économique des pays africains ».
Il est d'avis que le secteur financier de l'Union économique et monétaire Ouest africaine (Uemoa) doit, en particulier, jouer un rôle notable pour l'atténuation et l'adaptation au changement climatique.
C'est pourquoi, a-t-il dit enfin, « j'attends des institutions financières de l'Union des actions concrètes à identifier lors de vos réflexions pour favoriser les investissements dans les projets respectueux de l'environnement telles que les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique qui contribuent à la réduction des émissions de gaz à effet de serre ».