L'Etat a retiré la licence de la télévision Walfadjri. Pis, la connexion via les données mobiles a été restreinte. Ces mesures de l'Etat ont porté un sacré coup à la liberté d'expression.
Le report contesté de la présidentielle du 25 février prochain, a replongé le Sénégal dans des tensions politiques. Comme il en est souvent le cas en pareille situation, l'Etat a pris la décision de restreindre la diffusion de certaines informations qu'il juge «susceptibles de troubler» l'ordre public. Le groupe Walfadjri n'a pas plus le droit d'émettre. Après la coupure de son signal, l'Etat lui a retiré sa licence.
Déjà, la chaîne de télévision s'est vue notifier, le 9 juin dernier, une interdiction de diffusion pendant un mois, à la suite de reportages sur les manifestations déclenchées par la condamnation à deux ans de prison de Ousmane Sonko, le président du parti Pastef dissout. «Cette suspension constitue un dangereux abus de pouvoir qui pourrait être utilisé contre tout média dont la couverture déplairait aux autorités mais qui, pourtant, ne fait que son travail. Le Sénégal doit redevenir un fleuron de la liberté de la presse en Afrique», avait dénoncé le directeur du Bureau Afrique subsaharienne de Reporters sans frontières (RSF), Sadibou Marong.
Les autorités reprochent à Walf TV d'avoir diffusé en boucle des images de violences et d'avoir ainsi exposé des adolescents à celles-ci ; ce qui constituerait «une violation des conditions ayant permis l'autorisation d'établissement ou d'exploitation délivrée par le ministre chargé de la Communication».
Les restrictions à la liberté d'expression impliquent également l'inaccessibilité à internet. La connexion des données mobiles est encore restreinte. Cette entrave à la liberté d'expression est devenue une habitude des autorités. En plus des événements de mars 2023, après les troubles qui ont suivi la condamnation d'Ousmane Sonko, la décision de restreindre la connexion a été prise, en juin dernier ; ce qui n'a pas été sans conséquences sur les activités économiques.
Pis, jusqu'à présent, la connexion sur certains réseaux sociaux nécessite l'usage des VPN. Ce n'est pas la première fois que le gouvernement perturbe l'accès à l'internet. Il l'a fait lorsque des manifestations ont éclaté à la suite de la convocation d'Ousmane Sonko dans l'affaire Sweet Beauty qui l'opposait à Adji Sarr. Là aussi, pour contourner la restriction, nombre d'usager ont eu recours à VPN qui avait connu un boom avec un taux de connexion record au Sénégal évalué à plusieurs milliers de pour cent.