La liberté de consulter "d'autres parties", en contradiction flagrante avec le concept même du mandat onusien
A l'invitation du gouvernement de l'Afrique du Sud, Staffan De Mistura, l'Envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU a effectué le mercredi 31 janvier une visite à Pretoria avec pour ordre du jour exclusivement le dossier du Sahara.
Le Maroc a exprimé son opposition ferme et catégorique à cette visite pour le moins étrange et anachronique, d'autant que déjà, à son annonce, il y a quelques semaines, Rabat a exprimé au secrétariat général des Nations unies et à l'Envoyé spécial le rejet catégorique du projet de cette visite de même que toute interaction avec Pretoria concernant la question du Sahara marocain.
Ainsi, le Royaume du Maroc a répondu à cette démarche totalement inopportune et injustifiée par la voix d'Omar Hilale, l'Ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies.
Ce dernier, dans un entretien qu'il a accordé à la MAP, en exposant clairement la position et la réaction du Royaume, a indiqué que « le Maroc n'a, à aucun moment, été consulté, ni même informé de cette visite », ajoutant, par ailleurs : « J'ose espérer qu'il ne s'agit pas d'une défiance au Maroc de la part de M. De Mistura mais d'une simple erreur d'appréciation sur la véritable posture de l'Afrique du Sud. Quoi qu'il en soit, le Maroc l'a clairement averti sur les conséquences de son voyage sur le processus politique ».
Le diplomate représentant du Maroc auprès de l'Organisation des Nations unies a indiqué, là-dessus, que le Royaume avait rappelé à l'Envoyé spécial du Secrétaire général onusien « les fondamentaux de son mandat, qui sont sa lettre de nomination par le Secrétaire général de l'ONU, qui spécifie qu'il devra travailler exclusivement avec les quatre parties prenantes au processus politique, ainsi que les résolutions du Conseil de sécurité depuis 2007, dont la 2703 du 30 octobre dernier ».
D'ailleurs, ces résolutions ne font absolument pas référence à l'Afrique du Sud, encore moins à un quelconque rôle de ce pays, par ailleurs très éloigné et lointain géographiquement et géostratégiquement du Maroc et de son Sahara, dans le processus politique initié par le Royaume, approuvé par l'ONU et soutenu par un large pan de pays à travers les quatre coins de la planète.
« Énumérant à l'Envoyé personnel les multiples éléments disqualifiant l'Afrique du Sud de toute interférence dans le dossier du Sahara marocain, je me limiterais à rappeler que ce pays reconnaît l'entité chimérique et appuie le « polisario » politiquement, diplomatiquement, médiatiquement et militairement. Pour toutes ces raisons, le Maroc ne permettra jamais à l'Afrique du Sud d'avoir un quelconque rôle dans le dossier du Sahara marocain. Pretoria a été et demeure toxique pour la question du Sahara marocain », a clamé Omar Hilale, qui s'est dit, d'autre part, « surpris » par les déclarations prononcées par la ministre sud-africaine des Affaires étrangères sur les « approches » qu'elle aurait abordées avec Staffan De Mistura.
« Le Maroc n'est pas au courant d'une quelconque approche (sud-africaine). Et si approches il y a, c'est avec le Maroc et les autres parties qu'elles doivent être discutées et nullement avec l'Afrique du Sud », a-t-il appuyé, en rappelant que « pour le Royaume, il n'y a qu'une seule et unique approche. C'est celle des tables rondes avec la participation exclusive du Maroc, de l'Algérie, de la Mauritanie et du « polisario », tel que préconisé par les résolutions successives du Conseil de sécurité. C'est pourquoi le Maroc formule le voeu que M. De Mistura consacre ses efforts davantage à convaincre l'Algérie à reprendre sa place à la table ronde, comme en 2018 et 2019 ».
D'un autre côté, prenant la défense de la visite de Staffan De Mistura en Afrique du Sud, le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU, a précisé que ce déplacement s'inscrit dans le cadre de l'exercice de son mandat. « Afin de relancer le processus politique, l'émissaire onusien est libre de consulter les parties concernées par la question du Sahara occidental et d'autres », a souligné Stephane Dujarrie qui a, en outre, mis en avant la « discrétion » avec laquelle De Mistura mène ses missions avec l'ensemble des parties « comme dit le Secrétaire général, certaines choses doivent être engagées dans une diplomatie discrète » a-t-il appuyé.
Or, de quelle liberté (liberté de consulter les parties concernées, mais aussi d'autres) parle-t-on ? Il s'agit bien évidemment d'une question stratégique de légitimité et de légalité vitale et d'un mandat bien défini et encadré par le droit international et par les règles sur lesquelles est fondée l'action de l'Organisation des Nations unies et de tous ces organes et instances.
A cet effet, il est inconcevable de parler de liberté de conception et de choix du moment que l'on est tenu d'observer avec précision les termes du mandat assigné (...)