Après avoir adopté, sans débat, la proposition de loi reportant la date de l'élection présidentielle au 15 décembre 2024, les députés du groupe parlementaire « Benno Bokk Yaakaar » (Bby) ont fait face à la presse mardi pour justifier leur démarche. Leur président, Abdou Mbow, a, dans sa déclaration préliminaire, expliqué les raisons.
D'abord, selon M. Mbow, ils ont adhéré à l'initiative des députés de « Wallu Senegal » afin d'apporter la lumière sur « les manquements notés dans le processus électoral », notamment les soupçons de corruption portés sur deux magistrats du Conseil constitutionnel et du Premier ministre Amadou Ba. D'après lui, leur seul souci est de permettre à l'ensemble de la population de se faire une idée précise de cette affaire qui pourrait « entacher » l'image de la démocratie sénégalaise. Le député d'indiquer que même si la date de la présidentielle a été décalée, on est toujours dans l'année électorale.
« On n'est pas sorti de l'année électorale. Le Président de la République n'a jamais voulu proroger son mandat. S'il voulait se représenter, il n'allait pas réitérer sa volonté de ne pas briguer un troisième mandat. Le Chef de l'État ne veut point s'éterniser au pouvoir. Ce qu'il veut c'est que les conditions soient réunies pour qu'on puisse avoir des élections libres, transparentes et inclusives. Il a été guidé par le seul souci d'éviter à notre pays une crise institutionnelle de grande ampleur », a-t-il déclaré, ajoutant qu'ils sont fiers de ce qu'ils ont fait et qu'ils assument tout.
La proposition de loi a été adoptée sans la présence des députés de « Taxawu Senegaal » et de « Yewwi Askan Wi » (Yaw) qui ont été expulsés de la salle par les éléments du Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (Gign) sur demande du Président de l'Assemblée nationale, Amadou Mame Diop. Abdou Mbow rejette la faute sur ses camarades opposés à l'adoption du texte. « Les députés de Yaw et de « Taxawu » ont empêché le vote, obligeant le Président de l'Assemblée nationale à recourir aux forces de l'ordre pour permettre la libre expression des [autres] députés », a-t-il rappelé. Pour Abdou Mbow, Amadou Mame Diop a usé de ses prérogatives pour agir ainsi, car « le Président a la police de la salle et quand un député empêche les autres de travailler, il doit recourir aux forces de l'ordre. C'est ce qu'il a fait ».
« On veut laver l'honneur d'Amadou Ba »
Le député Abdou Mbow a été interpellé sur l'absence de communiqué ou une quelconque déclaration du groupe parlementaire de la majorité qu'il préside pour défendre son candidat, Amadou Ba, accusé de corruption de magistrats du Conseil constitutionnel. Il a soutenu, lors de la conférence de presse de son groupe, mardi, qu'ils n'ont pas certes fait de communiqué, mais cela fait partie des motifs pour lesquels ils ont soutenu la résolution du Pds pour la mise en place de la commission parlementaire. « On ne peut pas accepter que notre candidat soit mêlé à des affaires de corruption. On sait que c'est un bon homme d'État, un homme clean, et on veut laver son honneur », a martelé Abdou Mbow.
Appel à participer au Dialogue
Les députés de la coalition Bby ont profité, mardi, de leur conférence de presse pour demander à toutes les franges de la société de prendre part au Dialogue qui sera lancé par le Président de la République, Macky Sall. Pour eux, il faut un dialogue ouvert, inclusif et constructif. « Au-delà des désaccords, notre responsabilité est de participer à ce Dialogue, pour que les insuffisances constatées lors du processus électoral ne se répètent plus. Cet appel au dialogue doit être entendu par tout le monde, pour le bien du Sénégal », a souligné Abdou Mbow.