Le tabac continuera de toucher la planète entière. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de fumeurs est estimé à 1,1 milliard de fumeurs en 2025 si les tendances récentes se poursuivent.
La Convention Cadre de La lutte Antitabac (CCLAT) de l'OMS pendant sa dixième Conférence des Parties (COP 10), se penche actuellement au Panama sur la mise en œuvre de la lutte antitabac avec les 183 pays membres de la Convention.
Les pays pauvres les plus touchés
La cigarette se répand encore plus dans les pays à revenu intermédiaire ou faible. Le tabac continuera probablement d'être un fléau mondial au cours de la prochaine décennie en raison de l'augmentation du nombre de fumeurs dans les pays pauvres, notamment en Afrique.
La consommation de tabac a tendance à migrer des pays à revenu faible ou intermédiaire d'Europe et du Pacifique vers les pays d'Afrique et de la Méditerranée orientale. À tel point que les chercheurs alertent sur une « épidémie de tabac » avec l'explosion du nombre de fumeurs dans les pays de ces deux zones et un fardeau sanitaire supplémentaire important.
Selon les estimations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), environ six millions de personnes meurent chaque année à cause de la cigarette, la majorité dans les pays pauvres ou à revenu intermédiaire.
Une plus grande reconnaissance basée sur la vérité et la confiance pourrait sauver des millions de fumeurs
La réduction des risques est le quatrième pilier de la Convention Cadre de la Lutte Antitabac (CCLAT) : la réduction des risques et le droit international à la santé. Pourtant, la CCLAT ne semble pas reconnaître les stratégies de réduction des risques, nécessaires pour aider ceux qui sont incapables de se débarrasser de leur dépendance au tabac.
Fondé sur le droit humain à la santé énoncé à l'article 12, le droit international soutient une approche de réduction des risques dans la lutte antitabac. En analysant le droit à la santé comme un droit inaliénable, les pays doivent donner la priorité à la promotion des traitements et des produits les plus susceptibles de réduire les méfaits auprès de ceux qui sont les moins capables de contrôler leurs propres comportements en matière de santé. La réduction des risques peut alors impliquer l'utilisation de nouveaux produits du tabac, potentiellement moins nocifs.
Les nouveaux produits à risque réduit, même s'ils n'offrent pas les avantages d'une cessation totale de l'usage de tabac, pourraient néanmoins devenir une stratégie viable en faveur de la santé publique.
Au cours des 10 dernières années, de nombreuses technologies associées à la réduction des risques ont vu le jour dans le domaine de la consommation de nicotine : cigarettes électroniques, tabac chauffé, snus et autres produits sans combustion. C'est en effet la combustion qui est la cause primaire des maladies liées au tabagisme. Certains instituts de recherche de renommée mondiale, tels que le Royal College of Physicians du Royaume-Uni, ont conclu que ces alternatives sans fumée sont jusqu'à 95 % moins nocives que la cigarette traditionnelle. Malgré cela, de nombreux régulateurs, une grande partie de la communauté scientifique et la CCLAT continuent de refuser de soutenir l'idée de la réduction des risques.
La prévention est nécessaire, mais que peut-on faire pour sauver les fumeurs existants ?
Bien que la mise en œuvre de la CCLAT ait été un succès à bien des égards en matière de lutte antitabac, elle se concentre principalement sur des approches de lutte antitabac non liées à la santé – notamment des mesures tarifaires et fiscales visant à réduire la demande, des stratégies visant à réduire la contrebande et des limites sur la publicité – mais ne parvient pas à aborder directement les stratégies visant à réduire les méfaits.
En effet, la CCLAT met l'accent sur les approches politiques et législatives, mais offre peu d'aide directe aux fumeurs pour surmonter leur dépendance par l'arrêt ou la réduction des méfaits. De la taxation punitive aux interdictions pures et simples, la CCLAT promeut uniquement une approche prohibitionniste sans laisser de choix aux plus impactés, les consommateurs.
L'innovation devrait être autorisée sur les marchés et les consommateurs devraient pouvoir choisir des alternatives permettant une consommation de la nicotine moins nocive.
Les parties à la CCLAT et en particulier les pays africains devraient avoir la possibilité de créer des mécanismes nationaux pour la réglementation des nouveaux produits. Les pays à faible revenu ne devraient pas rester en marge de cette tendance mondiale qui permet à de nombreux pays à revenu élevé de réduire le tabagisme.
Les critiques craignent que toute légitimation de ces nouveaux produits « envoie un mauvais message » sur la meilleure façon de réduire les risques, alors que la seule solution pour eux est : arrêter de fumer. En outre, les critiques préviennent que l'introduction d'une nouvelle forme de consommation de nicotine pourrait être attractive pour les mineurs et servir de passerelle vers les cigarettes conventionnelles et encourager les anciens fumeurs à retomber dans la dépendance.
Pour faire avancer ce débat, il faut des recherches, un cadre réglementaire différent de celui des cigarettes classiques, dans lequel des recherches indépendantes puissent être menées, pour confirmer les affirmations d'une partie de la communauté scientifique internationale et de l'industrie du tabac en particulier.
Les nouveaux produits devraient donc bénéficier d'une réglementation différenciée, tout en conservant néanmoins des principes de précaution tels que des conditions d'accès aux produits, un marketing restrictif pour la protection de la jeunesse tout en permettant l'accès à l'information sur ces alternatives, aux fumeurs adultes qui le souhaitent et qui autrement continueraient à fumer.