Suite aux relations conflictuelles qu'entretiennent le Burkina Faso, le Mali et le Niger, regroupés au sein de l'Alliance des Etats du Sahel (AES), avec la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), les trois pays ont annoncé, le 28 janvier dernier, leur retrait de ladite organisation qu'ils traitent de tous les noms d'oiseaux. C'est dans ce contexte que les ministres des Affaires étrangères des pays membres de la communauté ouest- africaine, se réunissent aujourd'hui, 8 février 2024, à l'effet de se plancher sur la situation.
A l'ordre du jour de cette rencontre, figure également la crise politique sénégalaise née du report de la présidentielle prévue pour se tenir le 25 février prochain, par le président Macky Sall. L'annonce a été faite le 3 février dernier. Cette crise sénégalaise, faut-il le reconnaître, est de trop pour la CEDEAO. En effet, elle vient s'ajouter à une crise politico-militaire que l'institution avait déjà du mal à gérer. Certes, la rencontre des ministres des Affaires étrangères, n'est pas destinée à prendre des sanctions contre un quelconque Etat. Mais elle va certainement baliser le terrain pour la Conférence des chefs d'Etats et de gouvernements qui est l'instance décisionnelle.
La crise sénégalaise est une occasion pour la CEDEAO de redorer son image
De ce fait, l'institution communautaire étant à la croisée des chemins, et à la recherche de solutions concernant les crises dans l'AES et au Sénégal, les ministres des Affaires étrangères doivent se montrer réalistes, lucides et pragmatiques. En effet, la décision de retrait des trois pays étant plus politique, c'est à l'institution de proposer des solutions séduisantes, à même de convaincre le Burkina, le Mali et le Niger de renoncer à leur projet. Y réussira-t-elle ?
La mission semble délicate au regard de la position adoptée par le trio. Surtout que la rencontre intervient dans un contexte où l'institution n'est pas en position de force. Déjà fragilisée par les crises qui se multiplient dans l'espace, ce n'est pas dans l'intérêt de la CEDEAO de voir les trois pays se retirer. Cela dit, quelle posture adoptera-t-elle? Va-t-elle se montrer complaisante au risque de se fragiliser davantage ? Elle que l'on sait apte à sévir quand il s'agit des coups d'Etat militaires, et qui proteste mollement quand il s'agit des coups d'Etat constitutionnels.
C'est d'ailleurs ce deux poids deux mesures qui lui est reproché. En tout cas, l'organisation ouest-africaine marche sur des oeufs, et la crise sénégalaise consécutive à la volonté de Macky Sall de guillotiner la démocratie, est une occasion pour elle de redorer son image. Autant elle a condamné la prise du pouvoir par la force au Burkina Faso, au Mali et au Niger, autant elle doit se montrer ferme face à Macky Sall. Il y va de sa crédibilité.