Une galerie à ciel ouvert, dans une forêt classée. Entre temps nid des voleurs et autres personnes peu recommandables, cette forêt a été aménagée pour une exposition qui suscite la curiosité des visiteurs. Ils n'avaient jamais imaginé se promener un jour en toute sécurité dans cette forêt. Arthur est un touriste en visite au Bénin. Pour lui, «l'originalité de cette exposition en pleine nature est à féliciter et à promouvoir ».
«Je trouve intéressant des expositions collectives comme celle-ci. Cela permet de faire des comparaisons, de voir des choses très différentes, de se faire une idée et de pouvoir même juger de la délicatesse et de la justesse des artistes», complimente Arthur.
Dénommée N.Art.Urel, cette exposition collective de dix artistes contemporains et treize invités, est l'initiative de Dominique Zinkpè, un artiste plasticien dont les oeuvres sont connues au delà des frontières béninoises. Pourquoi investir une forêt classée au lieu d'une galerie conventionnelle? Dominique Zinkpè explique : «ces temps de lutte pour la protection de la nature, il était important de travailler à rendre justice à la nature ».
M. Zinkpè précise que « La plupart des artistes s'inspirent de la nature parfois pour travailler. Je ne connais pas (un) sculpteur qui ne touche pas du bois pour réaliser ses oeuvres. Et dans un sens nous partageons la planète , la nature en commun et puisqu'on épouse les ressources naturelles, il est temps d'avoir conscience de le montrer telle qu'on doit le montrer. C'est ce qui a amené une vingtaine d'artistes à se faire inviter dans la forêt classée de Pahou pour essayer de faire une conjugaison en harmonie avec la nature et la créativité contemporaine béninoise».
Entre les chants des oiseaux et le bruissement des feuilles, les visiteurs affluent vers la forêt classée. Les artistes sont satisfaits de cette première expérience qui, ils espèrent, ne sera pas la dernière. Pour Sika Da Silveira qui est une artiste plasticienne en exposition dans cette galerie à ciel ouvert, «il est temps de donner à l'art contemporain béninois toute la visibilité qu'il mérite». «C'est une très belle initiative puisque l'art béninois ne va pas loin. C'est vrai il y a des gens qui voyagent partout mais ce n'est pas cela qui compte. Au lieu d'aller ailleurs se faire connaître, moi j'aurai préféré qu'on instaure des initiatives comme celle-ci pour nous faire avancer, pour nous faire entendre au delà de chez nous.... Notre souci c'est de faire connaître l'art plastique béninois et avec des expositions comme celle-ci, nous y parviendrons......», renchérit M. Da Silveira.
Dominique Zinkpè, l'initiateur de N.Art.Urel, est conscient qu'une galerie à ciel ouvert est peut être inhabituelle pour les Béninois qui apprennent encore les subtilités de l'art , mais il espère que cette exposition fera davantage rayonner l'art plastique au Bénin. Pour lui, l'art n'est pas uniquement destiné aux galeries, ou pour orner les salons.
« L'oeuvre d'art doit être partagée pour être plus proche de nos sociétés, étant donné que nos inspirations viennent également de la société. C'est une forme de sensibilité, de participation et montrer que l'artiste n'est pas si égoïste qu'on le pense» soutient M. Zinkpè avant de poursuivre sur l'éclosion de l'art au Bénin :« C'est vrai que l'art excelle habituellement dans les lieux conventionnels, mais la chance que nous avons au Bénin, c'est que l'art avait excellé dans les cours royales et ce n'est pas étonnant qu'au Bénin, nous avons tendance à vouloir rester accessibles, proches de la population. Dans notre ère contemporain, c'est important de sortir des cloisons pour partager le fruit de nos inspirations avec tout le monde»
L'exposition N.Art.Urel ferme ses portes le 17 février et pourrait désormais faire partie du circuit touristique mis en place dans le cadre des Vodun Days au Bénin.