Sénégal: Washington appelle les autorités sénégalaises à tenir l'élection présidentielle conformément à la Constitution

Dakar — Les États-Unis d'Amérique disent de nouveau être "profondément préoccupés" par le report de l'élection présidentielle au Sénégal et ont exhorté le gouvernement sénégalais à tenir ce scrutin conformément à la Constitution et aux lois du pays.

Dans un communiqué du département d'État, son ministère chargé des relations extérieures, le gouvernement américain déclare être "profondément préoccupé par les mesures prises pour retarder l'élection présidentielle du 25 février au Sénégal".

Washington s'alarme par ailleurs des informations faisant état de l'expulsion, par les forces de l'ordre, de députés qui se sont opposés à la loi examinée en vue du report de l'élection présidentielle.

"Cela a entraîné un vote de l'Assemblée nationale qui ne peut être considéré comme légitime" en raison "des conditions dans lesquelles il a eu lieu", déplorent les États-Unis d'Amérique.

Lundi soir, l'Assemblée nationale sénégalaise a adopté une proposition parlementaire reportant au 15 décembre prochain l'élection présidentielle initialement prévue le 25 février.

Le vote s'est déroulé sans la présence de plusieurs députés de l'opposition, lesquels protestaient contre ladite proposition et le report de l'élection. Ils ont été expulsés de force, par des gendarmes, hors de la salle où se tenait le vote.

Deux jours avant l'examen de ladite loi, le président de la République, Macky Sall, a annoncé l'abrogation du décret par lequel il avait convoqué les électeurs aux urnes, le 25 février prochain.

M. Sall, élu et réélu en 2012 et en 2019, a réaffirmé sa volonté de ne pas se présenter à cette élection, une promesse qu'il avait faite en juillet dernier.

Pour reporter l'élection, il a invoqué des soupçons de corruption concernant des magistrats parmi ceux qui ont procédé à l'examen des 93 dossiers de candidature et jugé recevables 20 d'entre eux.

Une commission d'enquête parlementaire a été constituée à la demande de l'ex-parti au pouvoir, le PDS, dont le dossier de candidature a été rejeté par le Conseil constitutionnel en raison de la double nationalité de son candidat, l'ancien ministre Karim Wade.

Ce parti a demandé et a obtenu la création d'une commission d'enquête parlementaire après l'invalidation de la candidature de M. Wade.

Dans un discours radiotélévisé adressé au peuple sénégalais, Macky Sall a fait état d'un "conflit ouvert" et d'un "différend" opposant l'Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel. Il a parlé aussi d"'une supposée affaire de corruption de juges", un argument valable, selon lui, pour reporter le scrutin présidentiel.

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