Ile Maurice: Éclats de lauréats et ombres des éliminés scolaires

Les résultats des examens nationaux, tels que le Primary School Achievement Certificate (PSAC), le National Certificate of Education (NCE), le School Certificate (SC) et le Higher School Certificate (HSC), sont souvent utilisés comme mesure de succès et de progression des élèves. L'annonce d'un taux de réussite total de 84,4 % aux examens du HSC et la proclamation de 49 lauréats peut sembler prometteuse à première vue, mais plongeons plus profondément dans les données.

Sur les 15 000 jeunes qui entament le cycle secondaire chaque année après le PSAC, seuls environ 7 000 parviennent jusqu'au HSC. Le contraste entre le nombre élevé de collégiens qui entrent dans le cycle secondaire, soit 15 000, et le nombre relativement faible qui parviennent au HSC est révélateur d'un problème sousjacent dans notre système éducatif. Cette disparité souligne que de nombreux élèves sont laisséspour-compte dans ce système en raison d'examens standardisés et de critères de réussite rigides.

La proclamation des lauréats chaque année est un moment de célébration et de reconnaissance pour les jeunes qui ont excellé dans leurs études. Parmi les 7 528 candidats au HSC, seuls 49 ont été désignés comme les élites, ou lauréats. (S'ajouteront ensuite les 24 boursiers sur les critères sociaux et de mérite.) Outre les académies, des collèges d'État et du privé se sont aussi démarqués. Cependant, il est important de reconnaître que la réussite ne se limite pas à l'obtention de ce titre honorifique. Beaucoup d'autres élèves ont travaillé très dur et ont réalisé des progrès significatifs, même s'ils n'ont pas atteint les critères pour être désignés lauréats alors que d'autres commencent à être éliminés du système éducatif à partir du NCE.

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Si l'on analyse les chiffres pour l'année 2023, 15 054 élèves ont pris part aux examens de PSAC. 14 527 ont pris part au NCE, mais seuls 10 832 ont réussi les examens. Cela signifie que dès le NCE, une proportion significative d'élèves est éliminée du système éducatif. En 2023, 12 919 élèves ont pris part aux examens du SC alors que seuls 5 210 ont été promus en Grade 12, ce qui fait que presque 60 % des 12 919 candidats pourraient abandonner leur scolarité. Pour 2023 encore, il y a eu 7 528 candidats au HSC et dans deux ans, ce chiffre sera encore à la baisse.

Lorsque l'on examine chaque année le nombre de candidats et les résultats des examens nationaux, tels que le PSAC, le NCE, le SC et le HSC, on constate une diminution significative du nombre d'élèves progressant dans leur parcours éducatif à chaque étape. Cette tendance indique que de nombreux jeunes rencontrent des obstacles dès le début de leur parcours scolaire, ce qui les conduit à abandonner leurs études ou à être en danger de décrochage dès les premières années de l'éducation secondaire. Ce schéma se répète année après année. N'est-il pas temps d'adopter une approche holistique de l'éducation qui reconnaît et valorise les diverses formes de réussite des élèves, au-delà des simples résultats aux examens ? La réforme du système éducatif avec le Nine Year Schooling est-elle adaptée aux besoins et aux capacités de tous les élèves ?

L'abandon

Au niveau du SC, 60 % des candidats échouent à obtenir les cinq credits requis pour progresser en Grade 12. Ces chiffres sont alarmants car ils soulèvent des questions sur les défis rencontrés par de nombreux élèves pour atteindre les normes minimales requises. L'initiative de la ministre de l'Éducation, visant à rehausser le niveau en fixant des critères plus stricts, n'a pas donné les résultats escomptés. Il est clair que simplement augmenter la pression sur les élèves en fixant des exigences plus élevées n'est pas une solution efficace pour améliorer les performances scolaires.

Il est certainement pertinent de remettre en question la logique de l'exigence stricte de cinq credits pour progresser vers le Grade 12, surtout lorsqu'un élève a obtenu des credits dans les matières qu'il envisage de choisir en HSC. Cette politique soulève des préoccupations quant à son équité et à son efficacité dans la promotion de la réussite des élèves. Cette approche peut décourager les élèves et les pousser à abandonner leur scolarité, même s'ils ont démontré des capacités et du potentiel dans les matières qu'ils souhaitent poursuivre. Plutôt que de fixer des critères stricts qui excluent un grand nombre d'élèves, il serait plus judicieux d'adopter une approche plus flexible et inclusive qui tienne compte des performances et du potentiel individuels des élèves. De même, avec les critères d'examens du NCE sans compter l'Extended Programme qui n'arrive pas à faire ses preuves, ces jeunes se retrouvent sans repères.

Au bout du compte, les élèves doivent passer six examens nationaux de huit à 18 ans. À l'ère de l'intelligence artificielle et de la révolution technologique, le fait que près de 5 000 jeunes se retrouvent hors du système éducatif chaque année, en raison de leur incapacité à satisfaire aux critères des examens, est une source de préoccupation majeure. D'autre part, la situation des lauréats qui sont officiellement «contraints» de revenir dans leur pays d'origine après leurs études à l'étranger, mais ne le font pas toujours, soulève des questions importantes sur la manière dont les politiques éducatives et économiques sont alignées, ainsi que sur la façon dont les talents locaux peuvent être retenus et optimisés pour contribuer au développement économique et social.

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