Burkina Faso: La relance de la filière coton compromise par le coût de l'engrais

7 Février 2024

« Burkina : Le prix des intrants rebute certains producteurs de coton ». Tel est le titre d'une dépêche publiée récemment le 2 février 2024 par l'Agence d'information du Burkina (AIB). Selon l'article, plusieurs producteurs ont abandonné la culture du coton en début de campagne cotonnière 2023-2024, rebutés par la hausse du prix des intrants. L'auteur qui est allé à la rencontre desdits producteurs rapporte le désarroi de ceux-ci. Il en ressort que des paysans qui, habituellement le cultivaient, ont opté cette année pour des spéculations autres que le coton. Certains avouent avoir été galvanisés au début de la campagne du fait de la hausse du prix d'achat du kilogramme de coton avant de se raviser par la suite. En effet, pour la présente campagne, le prix d'achat du coton a été fixé à 325 F CFA, le premier choix et 300 F CFA, le deuxième choix, soit une hausse de 25 F CFA/kg par rapport à la campagne écoulée.

Au même moment, le prix du sac d'engrais est passé du simple au double. Plus exactement de 16 000 à 32 000 F CFA. Face à la hausse des prix de l'engrais, le Secrétaire général (SG) de l'Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB), Hamidou Koné se veut réaliste. Il a déconseillé aux producteurs amateurs de s'engager dans la production. Pour lui, il n'y a qu'un professionnel qui peut tirer son épingle du jeu. « Aujourd'hui, la production est passée à l'étape de la professionnalisation », a-t-il expliqué. De son côté, le coordonnateur de l'UNPCB, Patrice Coulibaly, lors d'une rencontre en début de campagne, a invité les responsables des 28 unions de producteurs à ne pas abandonner la production. Selon lui, la production cotonnière est vitale voire indispensable à l'épanouissement total des populations et son rejet risque de créer le chaos au Burkina.

Au Burkina, la production de coton graine conventionnel pour la campagne de 2022-2023 est de 404.130 tonnes, enregistrant un recul de 22% par rapport à la précédente. C'est ce que le gouvernement burkinabè a annoncé à l'issue du Conseil des ministres du mercredi 21 juin 2023. Selon le rapport de ladite réunion gouvernementale, la campagne cotonnière de 2022-2023 a été marquée par une flambée exceptionnelle des prix des engrais sur le marché du fret maritime et l'indisponibilité des stocks d'engrais. Ainsi, la production de coton a enregistré un recul par rapport à la campagne précédente en dépit d'une augmentation des superficies de 4% au plan national, a souligné le gouvernement, précisant que le rendement moyen au champ connaît une régression de 25% et s'établit à 650 kg/ha.

Au regard de l'importance de la filière coton, le gouvernement a décidé d'accorder une subvention de 10 milliards F CFA en vue de rendre accessibles les intrants du coton conventionnel et du coton biologique au titre de la campagne cotonnière de 2023-2024. En outre, les autorités multiplient les actions afin de relancer cette filière qui a été devancée par l'or en 2009 comme premier produit d'exportation du pays. Autant dire qu'il est plus que nécessaire que les acteurs à tous les niveaux (autorité, producteurs et leurs représentants, etc.) continuent de mener la réflexion, en vue de trouver une solution aux prix exorbitants des intrants qui affectent la production cotonnière. Cela d'autant plus que nous ne devrions pas perdre de vue que de cette filière dépendent d'autres initiatives telles que celles visant à promouvoir le port du Faso Danfani, le pagne tissé à base du coton produit localement.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.