Les politiques publiques de création d'emploi n'ayant pas eu l'effet escompté
L'économie nationale a perdu 157.000 postes d'emploi entre 2022 et 2023, selon le HCP
L'année 2023 s'est achevée sur une nouvelle progression du chômage, selon les données publiées par le Haut-commissariat au plan (HCP). Une nouvelle déception pour les jeunes, les diplômés et les femmes (18,3%) qui en sont les premières victimes.
Les politiques publiques mises en place pour l'enrayer n'ayant pas eu l'effet escompté, le taux de chômage s'est emballé au terme de l'année écoulée, passant de 11,8% à 13% (+1,2 point) au niveau national, de 15,8% à 16,8% (+1 point) en milieu urbain et de 5,2% à 6,3% (+1,1 point) en milieu rural.
Ce bond porte le nombre de chômeurs à 1.580.000
Ainsi, « entre 2022 et 2023, le nombre de chômeurs a augmenté de 138.000 personnes, passant de 1.442.000 à 1.580.000 chômeurs, ce qui correspond à une hausse de 10% », consécutive à l'accroissement de 98.000 chômeurs en milieu urbain et de 40.000 en milieu rural, selon le Haut-commissariat.
L'évolution du taux du chômage met clairement en évidence l'échec des différents programmes mis en place par les pouvoirs publics en vue de dynamiser le marché du travail et par ricochet enrayer le chômage.
En effet, selon les statistiques de l'organisme public, dirigé par Ahmed Lahlimi Alami, le taux de chômage « reste plus élevé parmi les jeunes de 15 à 24 ans (35,8%), les diplômés (19,7%) et les femmes (18,3%) » qui, rappelons-le, constituent pourtant les cibles privilégiées des programmes publics d'emploi.
Il est à noter que le taux de chômage a augmenté de 1,2 point parmi les hommes, passant de 10,3% à 11,5% et de 1,1 point parmi les femmes, de 17,2% à 18,3%, comme l'indique le HCP dans sa note d'information relative à la situation du marché de travail en 2023.
« Selon le diplôme, le taux de chômage a enregistré une hausse de 1,1 point parmi les diplômés, passant de 18,6% à 19,7%, et de 0,7 point parmi les personnes n'ayant aucun diplôme, passant de 4,2% à 4,9% », poursuit le document.
Cette hausse a concerné l'ensemble des catégories d'âge
L'institution chargée de la production, de l'analyse et de la publication des statistiques officielles au Maroc, précise que cette hausse a concerné l'ensemble des catégories d'âge.
En effet, « le taux de chômage est passé de 32,7% à 35,8% (+3,1 points) parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, de 19,2% à 20,6% (+1,4 point) pour les personnes âgées de 25 à 34 ans, de 6,4% à 7,4% (1 point) pour celles de 35 à 44 ans, et de 3,3% à 3,7% pour celles de 45 ans et plus (+0,4 point) », apprend-on.
Par ailleurs, il est important de noter que « le chômage a été marqué par la hausse de la proportion des personnes récemment en chômage » au cours de cette période et que « la part des personnes en situation de chômage depuis moins d'un an s'est élevée de 31,3% à 33,3% », comme le relève le Haut-commissariat dans sa note estimant ainsi que la durée moyenne de chômage est passée de 33 mois à 32 mois.
La même source précise, de l'autre côté, que 27,8% des chômeurs se sont retrouvés dans cette situation suite à l'achèvement ou l'arrêt des études et 27% suite au licenciement ou à l'arrêt de l'activité de l'établissement.
Selon la note du HCP, « entre l'année 2022 et 2023, l'économie nationale a perdu 157.000 postes d'emploi, résultat d'une diminution de 198.000 postes en milieu rural et d'une augmentation de 41.000 en milieu urbain, après avoir perdu 24.000 postes une année auparavant.
L'autre enseignement : le secteur des BTP a contribué à la création de 19.000 postes d'emploi, celui des services 15.000 postes, celui de l'"industrie y compris l'artisanat" 7.000 postes, alors que l'"agriculture, forêt et pêche" a perdu 202.000 postes.
Avec une hausse de 138.000, dont 98.000 en milieu urbain et 40.000 en milieu rural, le volume du chômage a atteint 1.580.000 personnes au niveau national.
En ce qui concerne le sous-emploi, les données montrent que son volume est passé, durant la même période, de 972.000 à 1.043.000 personnes au niveau national, de 520.000 à 560.000 en milieu urbain et de 452.000 à 483.000 en milieu rural.
Quant à son taux, il a augmenté de 9% à 9,8% au niveau national, de 8,1% à 8,7% en milieu urbain et de 10,4% à 11,6% en milieu rural, fait savoir l'institution.