Dakar — Des organisations se réclamant de la société civile ont officiellement lancé jeudi à Dakar une initiative dénommée "Aar Sunu election" (protéger notre élection) avec l'objectif de faire rétablir de calendrier électoral.
Il s'agit d'une plateforme regroupant des mouvements citoyens, organisations socio-professionnelles, personnalités se réclamant de la société civile.
"Nous, mouvements citoyens et religieux, organisations socio-professionnelles, personnalités de la société civile réunis autour de la plateforme AAR SUNU ELECTION, exigeons le rétablissement du calendrier républicain", a déclaré Ghaël Babacar Mbaye, en lisant la déclaration devant des journalistes.
La plateforme invite le Conseil constitutionnel et la Cour suprême "à prendre leurs responsabilités devant l'histoire, en rétablissant immédiatement l'ordre légal et constitutionnel".
Elle lance dans le même temps un appel à tous les citoyens soucieux de "la préservation des acquis démocratiques à se mobiliser massivement pour apporter une réponse populaire ferme partout dans le pays et dans la diaspora pour empêcher toute confiscation du pouvoir".
Ces acteurs des organisations non étatiques invitent les imams à consacrer leurs sermons à cette actualité lors de la grande prière du vendredi. Ils ont également demandé aux hommes d'église d'évoquer la question lors de la messe du dimanche.
Les membres de cette initiative ont annoncé la tenue manifestation de protestation contre le report annoncé de l'élection présidentielle du 25 février.
L'Assemblée nationale a adopté lundi dans la soirée une proposition de loi reportant au 15 décembre prochain la présidentielle du 25 février.
Ce vote est survenu 48 heures après que le chef de l'Etat a annoncé l'abrogation du décret convoquant le corps électoral, le 25 février.
Macky Sall, élu et réélu en 2012 et en 2019, a réaffirmé sa volonté de ne pas se présenter à cette élection, une promesse qu'il avait faite en juillet dernier.
Pour reporter l'élection, il a invoqué des soupçons de corruption concernant des magistrats parmi ceux qui ont procédé à l'examen des 93 dossiers de candidature et jugé recevables 20 d'entre eux.
Une commission d'enquête parlementaire a été constituée à la demande de l'ex-parti au pouvoir, le PDS, dont le dossier de candidature a été rejeté par le Conseil constitutionnel en raison de la double nationalité de son candidat, l'ancien ministre Karim Wade.
Ce parti a demandé et a obtenu la création d'une commission d'enquête parlementaire après l'invalidation de la candidature de M. Wade.