Sénégal: Le report de l'élection présidentielle peut décourager certains investisseurs, selon un expert-comptable

Dakar — Le report de l'élection présidentielle sénégalaise, avec la tension qui en découle, peut pousser des investisseurs à tourner le dos au Sénégal, a soutenu, jeudi, à Dakar, le président de l'Ordre national des experts-comptables et comptables agréés du Sénégal (ONECCA), Mor Dieng.

"On ne peut pas parler de développement sans la paix. La situation actuelle, avec le report des élections, peut 'freiner' des investisseurs" intéressés par le Sénégal, a dit M. Dieng.

Le président de l'ONECCA, candidat à l'élection présidentielle de 2012, prenait part à la 101e réunion du conseil de l'Association des ordres d'experts-comptables en Afrique de l'Ouest (ABWA, selon son sigle en anglais).

"Nous invitons les acteurs politiques à se retrouver autour de l'essentiel", a ajouté Mor Dieng, souhaitant que "l'élection présidentielle soit organisée de façon inclusive et transparente".

"C'est ça qui va garantir la stabilité et attirer les investisseurs. C'est l'occasion de se ressaisir pour que le Sénégal puisse garder sa position d'antan", a poursuivi le président de l'ONECCA en s'exprimant en présence d'experts-comptables d'une quinzaine de pays d'Afrique de l'Ouest.

Les experts-comptables ont la compétence requise pour évaluer les risques pour les États, a-t-il dit, estimant qu'il n'y a pas péril en la demeure" pour le Sénégal, si ceux d'une quinzaine de pays acceptent de prendre part à la réunion de l'ABWA à Dakar, quelques jours après le report du scrutin présidentiel.

"Nous devons faire attention", a toutefois prévenu Mor Dieng, rappelant que les élections libres et transparentes faisaient partie de la réputation du Sénégal.

Macky Sall a annulé le décret avec lequel il avait convoqué les Sénégalais aux urnes le 25 février prochain pour l'élection d'un nouveau président de la République.

Pour prendre cette décision, il a invoqué des soupçons de corruption concernant des magistrats parmi ceux qui ont procédé à l'examen des 93 dossiers de candidature et jugé recevables 20 d'entre eux.

Une commission d'enquête parlementaire a été constituée à la demande de l'ex-parti au pouvoir, le PDS, dont le dossier de candidature a été rejeté par le Conseil constitutionnel en raison de la double nationalité de son candidat, l'ancien ministre Karim Wade.

Un "conflit ouvert"

Ce parti a demandé et a obtenu la création d'une commission d'enquête parlementaire après l'invalidation de la candidature de M. Wade.

Dans un discours radiotélévisé adressé au peuple sénégalais, Macky Sall a fait état d'un "conflit ouvert" et d'un "différend" opposant l'Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel.

Il a parlé aussi d'une supposée affaire de corruption de juges", un argument valable, selon lui, pour reporter le scrutin présidentiel.

L'Assemblée nationale a voté une proposition parlementaire reportant l'élection présidentielle au 15 décembre prochain.

Des députés protestant contre cette proposition et le report de l'élection ont été tenus de force, par la Gendarmerie nationale, en dehors de l'hémicycle.

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