Confrontée à une perte d'influence au Sahel, l'Algérie se sent ouvertement défiée et menacée à ses frontières. Selon Alger, les coups d'État militaires menés dans trois pays de la région qui ne possèdent ni armée puissante, ni capacités matérielles, font craindre une porosité aux frontières. Elle craint également les conséquences du retrait du Mali de l'accord de paix d'Alger signé en 2015.
Le pouvoir algérien n'est guère rassuré et ne cache plus son malaise face aux changements radicaux qui l'entourent au Sahel. Après la reprise des hostilités à sa frontière, Alger cherche à tout prix à éviter le déclenchement d'une guerre civile au nord du Mali. Elle craint notamment que ces affrontements engendrentun afflux de réfugiés et une possible infiltration de certains éléments terroristes sur son territoire. La présence des supplétifs de l'armée malienne parmi les Wagner et les syriens pro-turc à sa frontière l'inquiète également au plus haut niveau.
Ces développements l'ont d'ailleurs poussé à redéployer discrètement son armée à ses frontières avec le Mali et le Maroc. Des diplomates algériens voient dans ces changements une reconfiguration des alliances dans la région. C'est le cas de l'ancien ministre algérien Abdelaziz Rahabi qui considère que les trois pays du Sahel qui ont connu des coups d'État militaires sont en train d'établir un nouvel ordre dans la région qui « dépasse leurs capacités et leur discours politique actuel ».
Vu d'Alger, l'objectif des grandes puissances vise, selon l'ancien diplomate, à « réduire son influence et à mettre son armée sous pression à la frontière du sud » au profit de plusieurs pays qui cherchent à étendre leur influence dans la zone. L'ancien ministre évoque une distribution de rôle entre Washington qui édicte les stratégies avecIsraël, les Émirats qui financent cette stratégie et le Maroc qui exécute l'agenda imaginé pour cette région.
Accusée d'ingérence au Mali, elle saisit toute occasion pour expliquer qu'elle n'a aucun agenda caché et que l'accord d'Alger a été trouvé suite à l'appel du gouvernement en place à Bamako en 2015.