Afrique: CAN 2024 - Pour la RDC, un dernier match peut transformer la CAN du travail en CAN de la fierté

La RDC s'est inclinée en demi-finale de cette CAN 2024 contre une Côte d'Ivoire qui a été simplement meilleure, le temps d'un match. Voilà 90 minutes qui viennent achever une compétition durant laquelle les Léopards ont ferraillé dur pour atteindre le dernier carré, dont ils repartent la tête haute même si la mine est déconfite. Reste à assurer samedi 10 février contre l'Afrique du Sud pour que la dignité remplace complètement la déception.

« Question suivante, je n'ai pas envie... », a lancé Cédric Bakambu. « C'est très difficile de trouver les mots », lui a fait écho son coéquipier Charles Pickel. En zone mixte, après la défaite de la RDC contre la Côte d'Ivoire en demi-finale de la CAN (0-1), évidemment, les Léopards n'affichaient pas la mine des grands jours. Mais plutôt beaucoup de déception, sûrement, et un peu de rage, peut-être. Il faut dire que les Congolais ont donné du fil à retordre à une belle équipe ivoirienne, surtout pendant la première demi-heure.

Un peu plus tard, en conférence de presse, la température étant quelque peu redescendue dans l'enceinte chauffée à blanc d'Ébimpé, c'était au tour de Sébastien Desabre de se prêter au jeu de l'analyse : « On est bien rentrés dans les 30 premières minutes, si on ne gagne pas, c'est parce qu'on ne valide pas nos temps forts. [...] Le premier sentiment, c'est de la déception. La physionomie du match nous amène à être déçus parce qu'on peut y croire par rapport à la prestation qu'on fait ».

Assez bonne pour ne nourrir aucun regret, empêchant ainsi le remord de se superposer à la tristesse de la défaite. Pas sûr qu'un seul athlète ait connu une carrière sans cette dernière, mais quelle pommade pour l'apaiser ? Sûrement un baume, rarement concocté à ce stade d'une grande compétition internationale, mais qui existe bien dans la trousse à pharmacie de la RDC. Pour la recette, il faut avant tout une vision de l'après.

« À l'heure des bilans, bien sûr, ce sera positif »

D'abord, se projeter sur la petite finale à venir de samedi contre l'Afrique du Sud à Abidjan, histoire de repartir de Côte d'Ivoire avec du bronze dans les valises. « Bien sûr que ça compte, c'est quand même une médaille, a martelé Gédéon Kalulu. Ce n'est pas à négliger, c'est historique, être la troisième nation africaine de la compétition, ce n'est pas anecdotique ». Ensuite, avoir un regard sur le plus long terme. Car, rappelons-le, cette génération congolaise n'est probablement pas arrivée à maturité. Sébastien Desabre n'a jamais caché que l'objectif ultime reste la CAN 2025 au Maroc.

Alors forcément, passer les étapes les unes après les autres en Côte d'Ivoire, c'était presque du bonus. Ce qui amène au dernier ingrédient : la fierté. « À l'heure des bilans, bien sûr, ce sera positif quoi qu'il arrive, a assuré le sélectionneur des Léopards. Les garçons méritent que ce soit positif. [...] L'état d'esprit est extraordinaire. » Son gardien, Lionel Mpasi, ne l'a pas contredit : « On a tout donné, ça ne passe pas ce soir, mais on va continuer à se battre. Je pense que les Congolais sont fiers de nous, de ce qu'on a montré sur cette CAN ». Une « CAN du travail » bien fait, pourrait-on dire.

Aussi, les Congolais ont montré beaucoup sur et en dehors du terrain. Car plus que de jouer, assez bien pour atteindre le dernier carré où elle n'était pas attendue, la sélection de la RDC a fait passer un message. Sur les réseaux sociaux, d'abord. Puis pendant l'hymne national joué avant leur demi-finale, moment choisi par les Léopards pour se couvrir la bouche et mimer un pistolet braqué sur leur tempe afin de mettre en lumière les violences en cours dans l'est de leur pays.

De quoi ajouter à la fierté d'une compétition aboutie, lorsque, parfois, il y a des choses plus importantes que le football. « Une équipe nationale de football, c'est un moteur pour une nation, a exposé Desabre. Ce soir, c'était un devoir de partager ce moment. » Reste une médaille de bronze à aller chercher pour parachever l'oeuvre congolaise, orchestrée par le technicien français. « Ce serait bien de valider ce tournoi avec une troisième place », a résumé Bakambu, qui n'avait tout de même pas complètement perdu l'usage de la parole.

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