Sénégal: Report annoncé de la présidentielle - Des heurts ont éclaté à Dakar et dans d'autres localités du pays

Dakar — Des heurts ont éclaté, vendredi, à l'issue de la grande prière à Dakar et dans d'autres localités du pays après que les forces de l'ordre ont dispersé de nombreux jeunes qui tentaient de manifester contre le report annoncé de l'élection présidentielle du 25 février.

Ces appels à manifester ont été lancés depuis deux jours à travers les réseaux sociaux.

Les manifestants ont brûlé des pneus et bloqué plusieurs artères de la capitale. Les forces de police ont riposté par des jets de grenades lacrymogènes.

Une journaliste du site d'information seneweb a été arrêtée puis relâchée et conduite à l'hôpital militaire de Ouakam.

"La journaliste de Seneweb, Absa Hane, a été arrêtée brutalement par des forces de l'ordre à Colobane, alors qu'elle assurait la couverture médiatique de la manifestation de l'opposition et d'organisations de la société civile contre le report de l'élection", rapporte le site d'information.

L'ONG RSF "s'indigne du ciblage d'au moins 5 journalistes par les policiers lors des manifestations à #Dakar ce jour. @absa_hane de @seneweb a été brutalement interpellée et est à l'hôpital après un malaise". "Mor Amar du journal EnQuête a, lui, été frappé à la mâchoire", ajoute t-elle.

Le Sénégal est en proie à une crise politique née de l'annonce, samedi dernier, par le président Macky Sall, de l'abrogation du décret convoquant le corps électoral le 25 février.

L'Assemblée nationale a adopté lundi dernier une proposition de loi portant sur un report au 15 décembre prochain de l'élection présidentielle.

Macky Sall, élu et réélu en 2012 et en 2019, a réaffirmé sa volonté de ne pas se présenter à cette élection, une promesse qu'il avait faite en juillet dernier.

Pour reporter l'élection, il a invoqué des soupçons de corruption concernant des magistrats parmi ceux qui ont procédé à l'examen des 93 dossiers de candidature et jugé recevables 20 d'entre eux.

Une commission d'enquête parlementaire a été constituée à la demande de l'ex-parti au pouvoir, le PDS, dont le dossier de candidature a été rejeté par le Conseil constitutionnel en raison de la double nationalité de son candidat, l'ancien ministre Karim Wade.

Ce parti a demandé et a obtenu la création d'une commission d'enquête parlementaire après l'invalidation de la candidature de M. Wade.

Le report de la présidentielle a suscité une vague de réactions d'organisations et de partenaires internationaux du pays.

Les Etats-Unis d'Amérique ont réitéré, vendredi, leur soutien à l'organisation d'une élection libre, équitable et dans les meilleurs délais au Sénégal.

Dans un communiqué de leur ambassade à Dakar relayé sur le réseau social X, les Etats-Unis assurent soutenir la déclaration de la CEDEAO appelant le Sénégal à rétablir le calendrier électoral conformément à sa Constitution.

Le Secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, a, par la voix d'un porte-parole, déclaré suivre de près l'évolution de la situation politique au Sénégal après le report annoncé de l'élection présidentielle qui devait se tenir le 25 février.

"Le Secrétaire général de l'ONU suit de près et est préoccupé par l'évolution de la situation au Sénégal, où l'élection présidentielle prévue le 25 février a été reportée en décembre", a notamment indiqué vendredi à New-York Stéphane Dujarric, un porte-parole d'Antonio Guterres.

L'Union européenne (UE) a, de nouveau, exhorté le même jour les autorités sénégalaises à organiser l'élection présidentielle, en conformité avec la Constitution du Sénégal.

"L'UE lance un appel aux autorités à prendre les mesures nécessaires afin d'organiser l'élection présidentielle le plus rapidement possible, en conformité avec la Constitution du Sénégal et le Protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance", a notamment déclaré son haut représentant, Josep Borell.

La diplomatie européenne a, dans le même temps exprimé ses préoccupations à la suite de la décision des autorités sénégalaises de reporter le scrutin présidentiel prévu le 25 février, "ce qui prolongerait de facto le mandat du Président", a estimé Josep Borell qui signale que cette mesure risque d'entacher la longue tradition démocratique au Sénégal et pourrait ainsi ouvrir une période de grande incertitude pour le pays.

Bruxelles note que ce report a déjà eu des impacts sur la stabilité et la cohésion sociale du pays.

Des organisations se réclamant de la société civile ont officiellement lancé jeudi à Dakar une initiative dénommée "Aar Sunu election" (protéger notre élection) avec l'objectif de faire rétablir le calendrier électoral.

Il s'agit d'une plateforme regroupant des mouvements citoyens, organisations socio-professionnelles, personnalités se réclamant de la société civile.

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