La presse sénégalaise a décidé d'aller au front pour réclamer la restitution de la licence du Groupe Walfadjri retirée le 4 février 2024 par le ministère de la Communication, des télécommunications et de l'économie numérique. Lors de son conseil des médias, tenu ce vendredi 9 février à la Maison de la presse feu Babacar Touré, les professionnels des médias ont clamé et exigé ensemble la restitution de la licence de Walfadjri et le respect de la liberté de la presse.
Les professionnels des médias se sont mobilisés ce vendredi 9 février pour exiger la restitution de la licence du groupe Walfadjri retirée par les autorités. « Nous sommes là, aujourd'hui, pour protester contre le retrait définitif de la licence de Walfadjri et ça été fait dans des conditions obscures qui ne reposent sur aucune base légale », s'offusque Ibrahima Lyssa Faye, membre de la Coordination des associations de presse (CAP°), qui explique « Que ce soit le code de la presse, les textes du CNRA et les cahiers de charges encadrent les sanctions et ces sanctions doivent être prises par l'autorité de régulation mais pas le ministère de la Communication».
Donc, dit-il, « Quand il va jusqu'à de manière cavalière couper le signal d'une télé et de faire une ordonnance de retrait définitive de sa licence, alors là il a atteint le plafond. Et nous, on n'est pas prêts à accepter cela. »
Par ailleurs, un mot d'ordre de journée sans presse a été décidé pour la semaine. « Pour la semaine prochaine, il y a un boycott des activités gouvernementales pour compenser le mot d'ordre de journée sans presse qu'on avait décidé le mardi », a annoncé le patron du site PressAfrik.
De son côté, venue porter un témoignage à ses anciens collaborations, Seynabou Mbodj, première femme journaliste à Walfadjri, par ailleurs membre du tribunal des pairs, a déclaré : « Je viens également pour dire non au bâillonnement de la presse, pour dire non à la restriction de toutes les libertés et particulièrement à la liberté de la presse. Et je pense que si on continue comme ça, le monstre va décider de tout arrêter. »
De son côté, Pape Alé Niang directeur du site Dakarmatin, a déploré la faiblesse de la mobilisation dont les journalistes ont fait montre. « Il faut qu'on se dise la vérité. Nous, la presse, nous sommes plus que ceux qui sont là. Si on dit qu'on doit mobiliser, soit on doit assumer mais nous allons nous battre jusqu'à ce qu'on restitue la licence de Walf, parce qu'on l'a offensé », a-t-il indiqué avant d'inviter les confrères à faire de ce combat le leur. Et de dire : « Je lance encore un message à nos confrères. Ce combat n'est pas celui de Walfadjri. ». Prenant la parole pour sa part, Momar Diongue, directeur de publication du quotidien Le Vrai Journal, déplorant la faiblesse de la mobilisation, déclare : « On a affaire à un ministre de la Communication et on s'est rendu compte que sa spécialité, c'est couper le signal, restreindre l'internet mobile et maintenant passer à la vitesse supérieure en l'occurrence le retrait de la licence de Walfadjri. Là aussi, c'est parce que les mobilisations antérieures ont été molles et n'ont pas été à la mesure des forfaitures qui ont été perpétrées. »
D'après l'analyste politique, « Personne n'aurait imaginé qu'un ministre de la Communication penserait un jour à pouvoir avoir l'outrecuidance de couper le signal de Walfadjri». Pour conclure, lancera M. Diongue, « Nous pleurons jusqu'à présent Sidy Lamine Niass, parce qu'il a été très tôt arraché à notre affection. Quand la volonté divine s'est manifestée, on a accepté de l'enterrer, mais personne n'acceptera qu'on enterre son héritage », assure-t-il.