Dakar — Le porte-parole du khalife des layènes, Serigne Mouhamadou Lamine Laye, a invité les fidèles, samedi, à Dakar, à ne pas prendre part aux manifestations contre le report de l'élection présidentielle.
"Je m'adresse aux disciples de Seydina Limamou Laye présents ici en leur demandant de ne pas prendre part aux manifestations [...] organisées contre le report de l'élection présidentielle", a-t-il déclaré.
Mouhamadou Lamine Laye s'adressait aux milliers de fidèles venus prendre part au pèlerinage annuel de cette communauté musulmane.
Les appels à la contestation du report de l'élection présidentielle "sont à l'origine de toutes ces scènes de violence déplorables que nous voyons", a-t-il ajouté.
La 144e édition de l'Appel de Seydina Limamou Laye (1843-1909) a démarré samedi matin, à Cambérène, une commune d'arrondissement située à Dakar.
"L'unicité, socle de la stabilité sociale et politique" est le thème du pèlerinage.
Seydina Limamou Laye fut connu pour son militantisme en faveur de la paix, de la tolérance et de l'obéissance aux autorités, selon le porte-parole des layènes.
Mouhamadou Lamine Laye invite aussi les autorités du pays à faire preuve de "responsabilité" et de "compassion" envers les Sénégalais en prenant leurs décisions.
Seydina Issa Laye, le président du comité d'organisation du pèlerinage des layènes, a appelé les Sénégalais à "éviter [...] les divergences d'ordre éthique, religieux ou confrérique".
"Il appartient à l'État d'assurer la protection régalienne des Sénégalais"
"La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d'origine, de race, de sexe, de religion. Elle respecte toutes les croyances", a-t-il ajouté en citant la Constitution sénégalaise.
Seydina Issa Laye rappelle qu"'il appartient [...] à l'État d'assurer la protection régalienne des Sénégalais".
Des heurts ont eu lieu dans plusieurs villes du Sénégal, vendredi après-midi. Ils ont fait au moins un mort, à Saint-Louis (nord), ont annoncé plusieurs médias en citant des sources officielles.
Macky Sall a annulé le décret avec lequel il avait convoqué les Sénégalais aux urnes le 25 février prochain pour l'élection d'un nouveau président de la République. En prenant cette décision, il a invoqué des soupçons de corruption concernant des magistrats parmi ceux qui ont procédé à l'examen des 93 dossiers de candidature et jugé recevables 20 d'entre eux.
L'Assemblée nationale a voté une proposition parlementaire reportant l'élection présidentielle au 15 décembre prochain. Lors du vote, des députés protestant contre cette proposition et le report du scrutin ont été expulsés de l'hémicycle par la Gendarmerie nationale.
Des candidats au scrutin présidentiel et des députés ont saisi le Conseil constitutionnel en vue de l'annulation de la décision du président de la République et l'organisation du vote à la date initialement prévue.