Cameroun: Hausse du prix du carburant au Cameroun - Les transporteurs se disent «asphyxiés»

Au Cameroun, une semaine après l'augmentation de 15 % du prix du carburant, les transporteurs font difficilement face. L'intersyndicale Cawof a déposé vendredi un courrier aux services du Premier ministre. Le Cameroon Workers Forum, qui regroupe 11 confédérations syndicales, demande au gouvernement de suspendre la hausse des prix du carburant et d'ouvrir des négociations dans les huit jours, sinon il envisage d'appeler à la grève.

Depuis que le prix des carburants a augmenté au Cameroun, les transporteurs se disent « asphyxiés ». Le carburant est plus cher, mais ils n'ont pas le droit légalement d'augmenter leurs tarifs. Chauffeurs de taxi, de bus interurbains ou de camions de transport de marchandises... Les syndicats appellent le gouvernement à des concertations dans les plus brefs délais pour revoir le prix des courses et mettre en place les mesures d'accompagnement promises.

Sur le terrain, un leader syndical l'affirme, la tension monte. « Nous sommes fatigués de séparer les bagarres entre les chauffeurs et les clients, et entre les chauffeurs et leurs patrons, puisqu'ils n'arrivent plus à faire la recette et ça crée des bagarres », dit-il.

« Il faut trouver des solutions »

« Il faut trouver des solutions, il faut réaménager les prix des taxis et les prix des transports interurbains et tout parce que ça crée des problèmes sur toutes ces chaînes », alerte de son côté Patrice Samen, président de la Fédération des syndicats des chauffeurs professionnels du Cameroun. Réaménager, c'est-à-dire augmenter le prix homologué du transport interurbain au Cameroun. Il est fixe depuis des années : 14 francs le kilomètre. Il suggère également d'augmenter le prix du taxi en ville, actuellement à 300 francs le jour et 350 la nuit.

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Thomas Ondoua, président du Syndicat national des conducteurs des transports urbains, interurbains et routiers du Cameroun (Synactuircam) suggère de passer le tarif du transport interurbain à 16 FCFA « pour que les opérateurs puissent jongler ». « On ne dit même pas pour qu'ils s'en sortent, mais pour qu'ils puissent jongler », souffle-t-il.

Négociations

D'une même voix, les deux syndicalistes regrettent que le gouvernement n'ait pas consulté les partenaires sociaux avant d'annoncer la hausse des prix du carburant. Ils expliquent avoir seulement été invités à une réunion le vendredi 2 février à la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (CSPH) où ils ont été informés que la décision de réajuster les prix à la pompe était prise.

« Il fallait d'abord travailler sur les mesures d'accompagnement, donc nous leur avons demandé de surseoir le réajustement des prix du carburant le temps de se concerter et de préparer au préalable les mesures d'accompagnement. Ils ont répondu que le gouvernement ne peut pas attendre. Mais sur le terrain, (...) nos camarades deviennent de plus en plus agressifs parce que dans les marchés, les prix grimpent », prévient M. Ondoua.

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Précarité

Dans son communiqué daté du vendredi 2 février annonçant la hausse des prix du litre de super et de gasoil « en raison de la nécessité de résorber les contraintes budgétaires croissantes auxquelles l'État est confronté et d'éviter les tensions dans l'approvisionnement du marché national en produits pétroliers », le secrétariat général des services du Premier ministre camerounais s'est engagé à mener des négociations « avec toutes les parties prenantes afin de mitiger l'impact (...) du réajustement des prix des carburants sur le pouvoir d'achat des ménages et l'activité des entreprises ». Les syndicalistes espèrent un rendez-vous dès le début de la semaine prochaine.

Le président du Synactuircam rappelle que le salaire d'un chauffeur professionnel se situe généralement entre 40 000 et 80 000 FCFA par mois. Patrice Samen ajoute que l'immense majorité des chauffeurs professionnels ne sont pas inscrits à la sécurité sociale et que beaucoup sont dans une situation précaire.

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