Sur proposition du gouvernement, le Parlement malgache a voté cette semaine le durcissement des peines infligées aux auteurs de viol sur enfant. En complément des peines de travaux forcés qui équivalent à de la prison, la castration chimique, voire chirurgicale, fait désormais partie des sentences que le juge pourra prononcer.
Le Code pénal malgache prévoit désormais une peine de castration chirurgicale « à l'encontre des auteurs de viols commis sur un enfant de moins de 10 ans », mais aussi la castration « chimique ou chirurgicale » contre les violeurs d'enfants âgés entre 10 et 18 ans.
Une décision prise pour « lutter contre la recrudescence des viols sur l'île », explique la ministre de la Justice, Landy Randriamanantenasoa. « Ne serait-ce que ce mois de janvier, uniquement, on a recensé 133 viols sur mineurs ! Six cents l'an dernier ! La loi qui est actuellement applicable n'a pas suffi à freiner les auteurs de ces infractions, raison pour laquelle on a modifié les quelques dispositions du Code pénal. Avec ces peines graduelles, en fonction de l'âge des victimes, on protège beaucoup plus les enfants », poursuit la ministre de la Justice qui rappelle au passage que « Madagascar est un pays souverain qui a parfaitement le droit de modifier ses lois [...] dans l'intérêt général du peuple. »
Néanmoins, le texte suscite la controverse, notamment chez les défenseurs des droits de l'homme qui estiment qu'il pose un problème d'ordre juridique et éthique. « Ce texte sur la castration équivaut à la promotion de la torture et au traitement dégradant et inhumain », commente Nciko wa Nciko, conseiller pour Madagascar chez Amnesty International. « Il va à l'encontre des dispositions de la constitution malgache et des obligations que Mada a au niveau régional et international. La castration cause un préjudice grave et irréversible. Et on peut avoir des cas où un individu est reconnu coupable et la justice revient sur le verdict et l'innocente. Par ailleurs, ce texte n'est pas accès sur le bien-être des victimes. Ce dont les victimes ont besoin, ce sont des structures de prise en charge adéquates, des réformes du système de justice pénale malgache pour lutter contre la stigmatisation et les représailles envers elles », poursuit le représentant de l'ONG.
Le texte doit encore être validé par la Haute Cour constitutionnelle, avant que le président de la République, Andry Rajoelina, ne le promulgue.
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