À défaut du Graal, l'Afrique du Sud et la Rd Congo devront se contenter de l'honorifique troisième place pour clôturer en beauté leur tournoi. Les deux pays disputent, cet après-midi, le match de classement.
Ce match présente donc un enjeu particulier pour les deux équipes qui ont séduit l'Afrique du football à travers leurs parcours. Avec un effectif composé quasiment de joueurs évoluant tous, sur le sol africain, les «Bafana Bafana» ont frôlé l'exploit en demi-finale, contre le Nigeria. Percy Tau et ses partenaires ont failli éliminer les «Super Eagles» après être revenus au score, avant de s'incliner aux tirs au but (2-4). Une défaite restée en travers de la gorge d'Hugo Broos, le sélectionneur sud-africain dont les espoirs ont été douchés par les triples champions d'Afrique. Ses hommes seraient donc bien tentés de s'offrir un dernier baroud d'honneur. Mais auraient-ils vraiment le moral pour y arriver ? C'est la question à se poser, en entendant hier, le technicien belge en conférence de presse d'avant-match. Ses hommes, a-t-il dit, ont été démoralisés après la défaite. Mais l'Afrique du Sud, après son parcours, ne laisserait pas passer une occasion de terminer sur le podium. Lors de la dernière demi-finale qu'elle a disputée en 2000, son plus haut fait d'armes depuis 1996, année de son sacre à domicile, l'équipe sud-africaine avait été éliminée par le Nigeria. Et dans la petite finale, elle avait pris le meilleur sur la Tunisie (2-2, 4 tab 3). Cet après-midi, les hommes d'Hugo Broos, quel que soit leur état d'esprit, seront déterminés à se battre pour terminer sur une bonne note ; même si pour le technicien belge une troisième ou quatrième place importe peu.
Du côté de la Rd Congo, la motivation est grande ; même si les «Léopards» sont loin d'avoir digéré leur défaite contre la Côte d'Ivoire. L'équipe de Sébastien Desabre compte bien se refaire une santé face aux «Bafana Bafana» et finir sur le podium. Les Congolais qui ne s'attendaient pas à un tel parcours ne comptent pas baisser leur garde. Ils devront compter sur leurs cadres comme Chancel Mbemba, Arthur Masuaku et Yoane Wissa en pleine possession de leurs moyens, pour mener la vie dure aux Sud-Africains. En 2015, quand ils ont perdu en demi-finale contre la Côte d'Ivoire, les «Léopards» avaient disposé de la Guinée Équatoriale (0-0, 4 tab 2) pour s'emparer de la troisième place. Cette année, Dylan Batubinsika et ses partenaires ambitionnent d'aller chercher cette médaille, qui, a-t-il indiqué «est une récompense pour le chemin parcouru dans cette Can». C'est dire que si la marche de la demi-finale contre les «Eléphants» a été haute pour eux, ils espèrent bien franchir celle contre l'Afrique du Sud, pour terminer leur aventure ivoirienne sur une bonne note.
PROPOS D'AVANT-MATCH
HUGO BROOS, SÉLECTIONNEUR DE L'AFRIQUE DU SUD
«J'espère que mes joueurs seront mentalement remis de la défaite en demies»
«Pour revenir sur la demi-finale contre le Nigeria, nous avons joué un excellent match. C'est une belle performance qui montre que nous sommes une bonne équipe. Après 120 minutes et une séance de tirs au but, c'est toujours une grande déception de ne pas passer et elle est partagée par nous tous. Mais je reste très fier de mon équipe qui a bien performé dans cette Can et quand vous jouez bien, la déception est grande quand vous ne passez pas. Le match contre la Rd Congo sera spécial pour nous et je pense que c'est l'équipe qui se sera la plus remise de la déception de mercredi, qui prendra le dessus. Ce qui compte le plus pour moi dans cette compétition, c'est d'être premier ; donc terminer troisième ou quatrième, c'est la même chose pour moi. C'est juste pour les statistiques.
J'espère que mes joueurs seront remis mentalement de cette défaite. Il y aura des joueurs indisponibles parce que nous avons trois ou quatre blessés et un joueur suspendu, mais on fera les changements nécessaires. Il ne faut pas aussi que le match devienne une farce, en voulant donner une chance à des joueurs qui n'ont jusque-là, disputé la moindre minute. C'est un match important. On doit rester sérieux et mettre l'équipe la plus forte possible afin d'arracher la troisième place et non une équipe qui va perdre d'avance. J'espère que les joueurs qui commenceront demain (Ndlr : aujourd'hui) seront mentalement prêts. Cette Can nous a rendus plus forts. Les six matches de haut niveau que nous avons livrés ont renforcé nos chances de nous qualifier à la Coupe du monde. C'est notre prochain objectif.
La base de notre équipe, c'est le Mamelody Sundowns. Je ne suis pas partisan d'une sélection de joueurs d'un seul club, mais d'un mélange de joueurs issus de plusieurs clubs, parce que c'est une équipe nationale. Mais il faut reconnaître que c'était exceptionnel. J'ai choisi mes meilleurs et c'était un avantage parce que les automatismes étaient déjà là.
Je suis très heureux d'avoir fait une Can de cette nature. Notre parcours démontre que l'Afrique du Sud a de bons joueurs et qu'ils peuvent jouer dans un championnat autre que celui local. Avec ce que nous avons fait, je demeure convaincu que l'Afrique du Sud va redevenir un grand nom du football».
SÉBASTIEN DESABRE, SÉLECTIONNEUR DE LA RD CONGO
«Bonifier notre bonne Can en décrochant cette troisième place»
«On est extrêmement motivés pour jouer ce match de classement. Quand on s'engage dans une compétition, c'est pour la jouer du début à la fin. On est des professionnels, on va savoir se remobiliser pour bonifier cette bonne Can qu'on a à faire, en décrochant cette troisième place. On connaît l'Afrique du Sud qui est une équipe bien en place, très organisée avec des joueurs locaux. C'est donc un match international où on va défendre les couleurs du pays et haut. Quel que soit le match à jouer, on se doit d'aller chercher les résultats avec nos forces et nos faiblesses. Après un mois de compétition, on arrive parmi les quatre premiers, on est forcément déjà contents de notre parcours et on a envie de partir sur une note positive. On a su tirer parti de notre effectif, je félicite les joueurs qui sont les acteurs de cette réussite. Les deux équipes vont faire tourner leurs effectifs pour amener de la fraîcheur physique. On connaît l'organisation de l'Afrique du Sud qui est très solide. On va essayer de faire ce qu'on sait faire et d'être plus performants qu'en demi-finale. Nous sommes fatigués, mais à ce stade, c'est une opportunité de donner la chance à d'autres joueurs qui vont apporter un peu plus de la fraîcheur.
C'était un régal de participer à cette compétition. Il faut saluer l'attachement des joueurs au maillot national et au pays. Il y a beaucoup de solidarité, d'unité entre les joueurs eux-mêmes, une unité globale et on essaie de véhiculer, par l'exemple, l'abnégation et l'humilité sur le terrain. On a la chance d'avoir de grands joueurs bien disciplinés, qui jouent dans de grands clubs et qui se mettent au même niveau que les autres, à la disposition du pays. Ce sont des stars dans l'humilité, c'est ce qui nous fait avancer. C'est l'exemple qu'on donne sur le terrain et qu'on veut communier avec les populations qui se retrouvent dans cette abnégation autour du drapeau national. Il fallait une communion, une pensée envers ces gens qui souffrent au pays et on l'a fait lors de la demi-finale.
Il y aura le temps du bilan. Mais on pense qu'on a tiré, tout le monde, à 100% de nos possibilités sur la demi-finale. On a eu des situations. Mais comme je l'ai dit, on a une marge de progression et on doit s'appuyer sur une base. Je suis content que sur l'ensemble des six matches, qu'on ait joué sur la même base. Le gros du travail a été fait sur l'année. On a une identité de jeu et on est perfectibles. Cette marche de demi-finale qu'on n'a pas franchie doit nous encourager à nous remettre au travail et à être performants sur les prochains matches».
D'un de nos envoyés spéciaux Samba Oumar FALL